Wouah, la bonne surprise de cette fin d'année.
Tout est parfait dans cette mini série au format si court.
Huit épisodes qui ne dépassent pas les 20 minutes. On pourrait penser à l'arnaque et au superficiel pour traiter en si peu de "temps" l'effondrement de notre société. Et bien c'est tout le contraire qui nous est proposé.
A défaut de pouvoir faire dans la surenchère et le grand spectacle, les auteurs s'attachent à décrire de façon clinique les répercussions du délitement de la structure sociétale sur ses habitants.
Chaque épisode est situé de plus en plus loin après "l'effondrement" (dont au final on ne saura jamais vraiment ni l'origine ou la date précise).
Dés le premier épisode (J+2 après l'effondrement), on est complètement immergé dans un supermarché avec une bande de jeunes gens qui "partent" et qui veulent remplir leur caddie. Coupures d'électricités, rayons qui commencent à se vider, carte bleue qui ne fonctionne plus. C'est avec une précision impressionnante que l'on assiste à la fin d'un système économique.
Episode 2 (J+5 après l'effondrement) c'est le carburant qui est en rupture. Plus d'essence, plus de locomotion motorisée, plus d'autonomie de déplacement. Donc trafic, violence et premier mort. La police est au cœur de cette pénurie et de ces conséquences dramatiques.
Mais ce qui rend glaciale et prenante cette description, ce qui nous met en immersion totale avec les faits décrits, c'est l'utilisation quasi systématique du plan séquence par les réalisateurs. On suit littéralement "à la trace" les déplacements des personnages, de dos, de face, de profil, on ne les quitte jamais. Cela donne à cette réalité dont on sent qu'elle peut être notre futur (trop!) proche une profondeur remarquable...
On sort de cette série avec un malaise profond tant les réactions, les sentiments et les décisions que prennent les uns et les autres sont ancrés dans la nature humaine. Et si les auteurs essaient d'équilibrer les comportements égoïstes et cruels avec d'autres plus généreux et empathiques. On reste surtout désabusé sur le devenir de personnes confrontées a des besoins primaires de survie.
Le dernier épisode a la particularité de se dérouler quelques jours "avant" l'effondrement. C'est l'occasion de mettre des mots sur les causes, le consumériste, la caste des puissants (politiques, grands patrons) qui ne pensent qu'a leur profit, l'écologie bafoué, le nucléaire etc... Bon, cet épisode détonne un peu. Il est très formel et pédagogique. Était-il nécessaire? On peut raisonnablement penser que les auteurs ont voulu (se) justifier et expliciter le fond de leur pensée. Mais au final rien ne remplacera leur description minutieuse et réussie qu'ils ont faite de notre société en déliquescence.
Bravo pour ces formidables moments de télévision...