Intrigué par le titre du film, j'ai décidé de m'y mettre et de le regarder. Je n'avais pas d'attentes particulières, et je ne pensais pas non plus m'atteler à la rédaction d'une critique. Cependant, ayant vu qu'il n'y en avait aucune, peut-être que mon ressenti pourrait en éclairer certains. Cette "critique" contiendra des spoilers pour justifier quelques de mes propos mais je tâcherai de les cacher grâce à la fonctionnalité proposée. N'oubliez pas qu'il s'agit de mon avis et de ma sensibilité et que donc mes dires demeurent subjectifs.


Never Rarely Sometimes Always est un film suivant une jeune fille de 17 ans, Autumn, tombée enceinte accidentellement. Ne pouvant pas avorter là où elle vit et voulant le cacher à sa famille, elle quitte provisoirement son lieu de vie avec sa cousine pour aller avorter ailleurs.


Le film en lui-même forge sa propre personnalité, de par son esthétique, son ambiance, les plans proposés. La réalisation est réellement plaisante et d'après moi, la simplicité de l'affiche attire la curiosité (en plus du titre).


Ce qui me rebute un peu, c'est qu'il est possible de résumer ce film par "deux adolescentes et une procédure d'avortement". Et c'est dommage. Si j'avais voulu regarder un reportage sur l'avortement, je l'aurais fait, là n'était pas mon désir en regardant ce film. Bien sûr, j'exagère, vous l'aurez compris. Never Rarely Sometimes Always manque d'humanité. L'expression blasée en permanence d'Autumn (qui peut être due à la situation, je n'en doute pas) et son manque de gratitude sont assez flagrants et parfois même déroutants.


Sa cousine se démène pour partir avec elle assez loin d'où elles habitent (et elle n'est pas nécessairement plus âgée), récupère de l'argent mis de côté pour pouvoir s'en sortir dans cette épreuve, se laisse séduire par un garçon plus tard pour récupérer de l'argent (bon la technique peut être remise en cause mais c'est l'intention qui compte) afin qu'Autumn puisse aller au bout de la procédure, mais non, Autumn ne la remercie pas une seule fois et encore, c'est limite si elle lui disait d'aller se faire foutre. C'est déjà assez complexe de trouver des gens qui peuvent nous soutenir dans cette épreuve, alors, une fois qu'une personne est là pour vous, remerciez-la sincèrement. La cousine s'intéresse au déroulement de l'avortement par la suite, mais rien, toujours des réponses aussi sèches et peu d'intérêt envers ce que la cousine ressent, elle qui doit la suivre de partout.
De surcroît, Autumn quitte son domicile deux jours durant, aucun appel des parents (parents aperçus au début du film donc bien présents, après, inquiets, c'est un autre débat), personne qui s'inquiète, rien. Au cours du film, Autumn appelle sa mère brièvement mais ne parle pas, seule sa mère pose des questions et Autumn finit par raccrocher. L'appel était donc traçable. Mais non, rien. Je ne dis pas que c'est impossible, mais peu de parents s’inquiéteraient si faiblement à propos de son enfant, ce qui est assez troublant dans le film.
S'il y a un bien une personne qui faisait preuve d'humanité ici, c'était probablement la demoiselle qui posait des questions médicales à Autumn avant l'avortement. Elle insistait sur le fait qu'elle pouvait être là pour elle.


L'écriture du film aurait pu être plus poussée. Certains plans montrent des détails qui ne sont pas utilisés tout au long du film et qui ne justifient pas grand chose. Ces détails pourraient faire naître des hypothèses mais au final, ils ne sont pas exploités, et c'est dommage.


Par exemple, nous ne connaissons pas les circonstances du pourquoi Autumn est tombée enceinte accidentellement. Il faut savoir qu'en plus d'être au lycée, Autumn travaille dans un supermarché en tant que caissière, et, à chaque fois qu'elle et sa cousine (qui y travaille aussi) rendent l'enveloppe des comptes à la fin de la journée (ou du mois ?), le patron s'empresse de leur embrasser les mains et cela ne semble pas très consentant. Ayant gardé cette séquence en tête, je m'étais dit qu'il y avait peut-être un rapport avec la grossesse d'Autumn, qu'une histoire d'abus se cachait derrière. Mais rien. Je n'ai aucune idée de pourquoi ceci a été montré. Il y a d'autres exemples de la sorte cependant mon but n'est pas de les citer.


Ce qui est frustrant, c'est de voir des détails attiser notre curiosité et finalement manquer de réponses.


Ce que je dis ici est majoritairement négatif (la frustration qui s'exprime) mais Never Rarely Sometimes Always est loin d'être une catastrophe. Il y a quelque chose d'indéniable à son propos : il expose relativement bien les complications d'avoir 17 ans, d'être enceinte, de ne pas vouloir le dire à ses parents et d'essayer de se débrouiller pour s'en sortir.

Heavileff
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le 6 avr. 2020

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