Un film qui ne peut laisser indifférent tant il fait appel - à travers le mythe éternel de Peter Pan - à cette part de nous qui ne veut pas (peut pas ?) grandir et qui s’accroche obstinément à ce pays de plus en plus irréel que l’on nomme par approximation l’enfance. Le choix de Johnny Depp pour le rôle de James Barrie est une trouvaille tant il s’y révèle excellent et en phase avec l’esprit même du propos. Kate Winslet est irradiante de grâce (comme à son habitude) dans un rôle pas si évident car à mi-chemin entre deux mondes, celui des réalités adultes (symbolisé presque jusqu’au bout par le personnage de sa mère, tenu de façon étonnante par une Julie Christie qui n’en finit pas de nous surprendre) et ce Neverland que seule la mort lui permettra finalement d’atteindre. Les seconds rôles sont parfaitement distribués : en plus de Julie Christie, déjà citée, remarquons un Dustin Hoffmann en vieux sage encore naïf et surtout les enfants, avec évidemment une mention spéciale à Freddy Highmore, Peter plus vrai que nature. Le seul reproche à faire au film est une forme de superficialité qui n’exploite pas assez les nombreuses pistes suggérées par un scénario un peu paresseux. Dommage car avec un peu plus d’audace et de créativité, avec aussi un soupçon de guimauve en moins, on avait peut-être là le grand film sur l’enfance… qui reste à faire !