New York !
Capitale du crime. Haut-lieu de la came et paradis de la péripatétipute en tout genres.
Des buildings claustrophiques qui jouent à cache-cache avec le soleil et qui gagnent toujours.
Des rues et des avenues tracées à la règle, une géométrie basique à base de carrés et d'angles droits, une putain de matrice de l'infini, et juste à côté, des ruelles dégoulinantes, des portes noires donnant sur des coupes-gorges sordides, des cinémas pornos gluants ou chez Satan himself.
Des motherfuckers qui hantent les rues de cette pomme vérolée des canifs plein les fouilles et de la coke plein le pif.
Des Blacks défoncés à la ganja qui affûtent leurs lames sur la peau de ton bide, des Chicanos tatoués comme des Yakuzas crachant des "Puta Madre" en te balançant des tessons de bouteilles en pleine tronche, des saloperies de Ritals gominés et rasé de frais jouant ta vie au poker, la perdant sur un coup de bluff à la con et finissant leur soirée "penne rigate" en te confectionnant de jolis chaussures en béton.
Une ribambelle de fêlés dans un labyrinthe immense suintant la pisse et l'héroïne, c'était ça New-York quand j'étais môme.
Le New York des eighties. L'enfer à ciel ouvert. Une ville peuplé de putes et de tueurs.
C'est mon New York de gamin.
Le New York des "Warriors", celui de "Taxi Driver", de "Maniac", de "Soleil vert" ou d' "SOS Fantômes".
Mon New York crasseux et flippant où la lie de l'humanité s'est filé rencart pour te niquer ta race.
Un film a cerné cette déliquescence urbaine et sociale, a poussé la logique de pourrissement à l’extrême : "New York 1997".
Carpenter grand forgeron des peurs made in 80's, modèle mon cerveau d'enfant et fonde dans une pénombre inquiétante: Mon New York.
Des tonnes et des tonnes de racailles poussent comme du chiendent sur le béton de la big Apple, alors pourquoi s'emmerder à les foutre en taule, hein ?
Alors qu'il suffit de bâtir des murs de trente mètres de haut autour, foutre des miradors et du fil barbelé.
Syn-thé-ti-ser !
Regarder la réalité, trouver des solutions, aller au plus simple.
Syn-thé-ti-ser !
Mais manque de bol le président des United States se viande dedans comme un con avec son coucou air force one.
Le président des States paumé au milieu des plus gros fils de pute de ce fichu monde, errant dans cette zonzon de dix millions d'habitants, planquant ses grosses miches comme il peut dans la ville qui ne dort jamais, qui n'a jamais aussi bien porté son nom.
Un sacré bordel, crénom !
Et qui c'est qui va y aller foutre son pif dans ce merdier king size ? MOI !! ou presque: Snake Plissken.
Taulard cynique et violent, un bandeau sur son oeil crevé et des punchlines acides plein la gueule: Le plus badass des cowboys et le plus cool de tous ces motherfuckers.
J'me foutais sur son dos, frissonnant, pour faire cette traversée de NewYork en apnée.
Je rentrais dans cet enfer rempli de tags agressifs et de clodos cannibales, confiant, serein, sur le dos de mon héros.
J'n'avais plus peur. Je portais son flingue et ne voyais que d'un œil.
C'est d'un seul œil que je voyais ces ombres se faufiler à la vitesse de l'éclair autour de moi, sentant le souffle chaud de leur haleine mortifère sur ma nuque longue.
C'est d'un seul œil que je voyais mourir mon monde et se reconstruire un immonde tas de merde en guise de civilisation, d'un seul œil encore que je matais l'horizon fermé de ma prison à ciel ouvert.
C'est mon unique œil que je rinçais dans le décolleté opulent d'Adrienne Barbeau, c'est aussi lui qui m'a permis de voir cette vieille carcasse d'Isaac Hayes sortir de sa bagnole maquillée comme une salle de bal, une tire avec des lustres style XVIII ème en guise de phares.
Le monde est différent avec un seul œil, avec l’œil du Snake.
Quand j'ai ouvert l'autre, j'avais pris trente piges dans les dents, Snake Plissken s'appelait Kurt Russell et New York était devenu l'une des villes les plus sûre du monde.
Mon New York s'était fait la malle et mon enfance avec.
Monde de merde !