Mené de main de maître, ce thriller d'anticipation sombre et inquiétant, aux décors saisissants, donnait en 1981 une vision apocalyptique d'un futur aujourd'hui révolu. Dès les premiers plans, le talent de John Carpenter saute aux yeux dans la manière dont il décrit ce New York futuriste devenu une immense prison à ciel ouvert, livrée à 3 millions de détenus et d'assassins en tous genre. Ce qui est intéressant, c'est qu'il utilise certains thèmes et des personnages propres au film noir qu'il mélange à de stupéfiantes scènes de violence, formant ainsi un cauchemar paroxystique et une vision futuriste d'un monde en perdition dans lequel les autorités qui ne valent pas tellement mieux que les repris de justice, se contentent de parquer les criminels comme des bêtes livrées à elles-mêmes. En ce sens, New York 1997 est un véritable film d'auteur. Le ton et plusieurs codes appartiennent aussi au western, Carpenter transforme son film en western futuriste.
Le bandeau de Snake Plissken est devenu aussi célèbre que le Walther PPK de James Bond, Kurt Russell y crée un personnage emblématique de la pop-culture, aussi important que Indiana Jones ou John Rambo et donne énormément de charisme à cet anti-héros à la fois attachant et désenchanté, il est de la trempe des grands héros hollywoodiens, et sa mission suicide est palpitante. A cela s'ajoutent des guest-stars savoureuses comme Ernest Borgnine, Isaac Hayes, Harry Dean Stanton, Adrienne Barbeau ou Donald Pleasance, même Lee Van Cleef surprend dans un genre autre que le western...
Le film se déroule uniquement la nuit, multiplie les inventions et nous plonge dans un autre monde tout en livrant une image sombre et nocturne de l'avenir de l'Amérique où les "rats" sont livrés à eux-mêmes dans un Manhattan dévasté ceinturé de murs et de fils barbelés à haute tension, le tout soutenu par le superbe thème lancinant au synthé écrit par Carpenter... autant dire que tout contribue à rendre ce film totalement culte. Big John signe là un pur joyau de la série B qui sera maintes fois imité, jamais égalé, pour moi c'est un de ses 3 meilleurs films avec The Thing et Christine.