« I guess a little small talk's in order here now. » JIMMY DOYLE

Auréolé de gloire au festival de Cannes de 1976, où Taxi Driver remporte la très convoité Palme d’Or, le réalisateur Martin Scorsese se met en quête de son nouveau film. Il écrira (avec Mardik Martin) une histoire d’amour entre un saxophoniste et une chanteuse, qu’il envisage comme un hommage aux grandes comédie musicale de l’âge d’or de la MGM dans les années 1940 et 1950.

Avec Robert De Niro et Liza Minnelli dans les rôles titres, le succès semble d’ores et déjà acquis. Le triomphe inattendu de Taxi Driver donne envie à Martin Scorsese de renforcer les liens qui semble avoir émergé entre lui et le public. Il tient ce que ce nouvel opus plaise aux foules mais selon ses propres critères : tourné dans un style documentaire informel, dans la veine du cinéma vérité, où Vincente Minelli croiserait John Cassavetes.

Liza Minnelli est la fille de l'actrice Judy Garland et du metteur en scène Vincente Minnelli. Pour Martin Scorsese, choisir Liza Minnelli est une première forme d'hommage à la comédie musicale américaine telle qu'elle était pratiquée par les studios hollywoodiens dans les années 1940 et 1950, comme dit plus haut.

New York, New York est en particulier un hommage aux musicals de Vincente Minnelli, le père de Liza qui l'a d'ailleurs fait jouer dans son dernier film Nina en 1976. Les films de Minnelli sont des références pour Scorsese et pour ce film-ci en particulier. Le tournage en studio, les scènes chantées, le travail sur le couleur et les décors sont très contemporains du style Minnelli.

New York, New York sort en 1977, période assez folle car Martin Scorsese a basé l’histoire sur lui-même, sur ses relations et sur son couple. D’ailleurs, dans le film, Jimmy Doyle et sa femme attendent un enfant, hors du film, la femme de Martin Scorsese était enceinte, et la femme de Robert De Niro était enceinte.

Jimmy Doyle drague Francine Evans dans la première scène du film avec l’entêtement d’un violeur. Francine feint la stupeur, mais derrière son expression d’étonnement, se lit une envie folle de plaire à son public. Le piège est tendu pour ces deux-là, qui ne cesse rien de ce quereller, de s’humilier, et de ce fuir, scène après scène, à travers une série de décors époustouflant, jusqu’à l’épuisement.

Le grand film d’amour de Martin Scorsese s’avère finalement un film sur la mort de l’amour, un thème honorable dans n’importe quel autre contexte, mais qui, ici, est lacéré par l’exubérance de la comédie musicale.

Pourtant Martin Scorsese collabore avec les célèbres compositeurs de comédies musicales John Kander et Fred Ebb, qui apportent une touche musicale distinctive au film. Leur contribution inclut plusieurs morceaux mémorables, mais c'est particulièrement la chanson titre : New York, New York qui est devenue un classique culte. Interprétée par Liza Minnelli dans le film, cette chanson évoque l'aspiration et la détermination de conquérir la ville qui ne dort jamais, tout en capturant l'essence même de la vie à New York. Le morceau a été repris par de nombreux artistes, notamment Frank Sinatra, et reste indissociable de l'image de la ville, symbolisant à la fois les rêves et les défis auxquels ses habitants sont confrontés.

Bien que le film soit salué pour sa musique captivante de John Kander et Fred Ebb, il faut souligné sa longueur excessive, ce qui peut le rendre difficile à suivre par moments. La durée prolongée du film, mêlée à des séquences de rêve et des moments de tension pour le couple, donne une impression de lenteur qui frustre.

Ce qu’il faut savoir, c’est que Martin Scorsese commence le tournage de son film alors qu’il n’a aucune idée de la fin. En tant que réalisateur, il prend son pied à copier les mouvements de caméra des vieux films de Vincente Minelli, mais en tant que conteur il se loupe royalement. Après deux semaines de tournage, il a dans les mains une scène d’ouverture qui dure une heure entière à elle toute seule. Cependant, Martin Scorsese n’a toujours pas écrit la fin. Il prend alors une décision, il faut improviser le reste du film.

Martin Scorsese vit, mange et dors sur le plateau. Planqué dans un appartement dans l’enceinte des studios de la MGM, il développe une accoutumance à la cocaïne et, selon les dires, entame une liaison avec Liza Minnelli. Un autre jour, le réalisateur fait attendre 150 figurant en costume, pendant qu’il parle à son psy dans son car loge. Pendant ce temps-là, les séances d’improvisation des acteurs font passer le planning de 14 semaines à 20 semaines augmentant le budget considérablement.

Après les 20 semaines de tournage, Martin Scorsese a initialement donné naissance à un premier montage dépassant les quatre heures ! Ce long format a suscité des préoccupations quant à la viabilité commerciale du film. Cependant, Scorsese, fidèle à sa vision artistique, refuse de couper ou de modifier une seule scène, convaincu que chaque élément du récit est essentiel à l'expérience globale. Cette détermination à préserver son intégralité témoigne de son engagement envers son art (ou à sa folie), même face aux pressions du studio.

Finalement, des coupes ont été nécessaires pour rendre le film plus accessible au public… Ce qu’il n’est toujours pas en réalité.

Martin Scorsese rencontre un revers significatif avec New York, New York. Le film, qui coûte environ 14.000.000$, ne parvient à générer que 16.000.000$ au box-office américain, ce qui constitue un résultat décevant. Cet échec commercial plonge Scorsese dans une spirale de dépression et d'addiction à la drogue, exacerbant les difficultés personnelles qu'il avait déjà rencontrées. La pression de créer des œuvres à la hauteur de son précédent succès, combinée à des luttes internes, a fortement impacté son état émotionnel et sa santé.

New York, New York de Martin Scorsese, malgré ses ambitions artistiques et la musique emblématique de John Kander et Fred Ebb, souffre d'une durée excessive qui le rend difficile à apprécier pleinement. Le film, qui explore la relation tumultueuse entre deux musiciens dans le contexte vibrant de New York après la Seconde Guerre Mondiale, aurait bénéficié de coupes plus rigoureuses pour maintenir le rythme et l'intérêt. Bien que la performance de Liza Minnelli et les séquences musicales soient mémorables, la longueur du film a contribué à sa réception piteuse au box-office et a plongé Martin Scorsese dans une période de dépression.

StevenBen
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le 7 oct. 2024

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Steven Benard

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