Ni à vendre, ni à louer est le second film de Pascal Rabaté après le très sympathique Les Petits Ruisseaux sorti en 2010. Avec ce deuxième long métrage très réussi (pour quiconque entrera dans son univers) Pascal Rabaté qui est également auteur et dessinateur de BD confirme qu'il est bel et bien l'un des réalisateur de comédie française les plus singulier du moment.
Ni à vendre ni à louer est la chronique douce amère d'une vingtaine de personnages partis passer un week-end sur les bords de l'Atlantique.
Avec Ni à vendre ni à louer, Pascal Rabaté signe une sorte de bulle légère et poétique dans laquelle s'entrecroisent des personnages pittoresques que le réalisateur à le bon goût de toujours croquer avec autant de férocité que de tendresse. Le film qui ne comporte quasiment aucun dialogue, tout juste quelques mots et bruits étranges, est une suite de vignettes du quotidien à la fois burlesques et absurdes dans lesquels planent les ombres de Jacques Tati, des Deschiens et parfois même de l'humour grolandais. Incontestablement le film laissera plus d'un spectateur sur la touche se grattant la tête d'un air dubitatif devant la poésie, la douce férocité et l'humour lunaire du film. A l'exception d'une l'histoire sado masochiste un peu plus lourde que le reste j'ai vraiment beaucoup aimé l'univers du film et cette façon de dépeindre avec autant de légèreté et de tendresse une petite médiocrité du quotidien. Pascal Rabaté utilise souvent des plans fixes et des cadres millimétrés dans lesquels les comédiens doivent s'approprier l'espace, on pense alors parfois aux films de Roy Anderson (Toutes proportions gardées bien sûr) même si Rabaté fait beaucoup moins durer ses plans.
Le film s'appuie fatalement sur une sacrée galerie de personnages et d'idées à la fois farfelus et décalés. Personnellement j'adore ce couple de retraités passant ses vacances dans une baraque pas plus grande qu'un placard, cet épicier qui trace méticuleusement ses codes barres à la règle et au feutre, cet adolescent dessinateur qui passe son temps à faire des croquis de sa main en train de faire des croquis, les minuscules micro voiturettes, les convois funéraires de mecs bourrés qui partent en zigzaguant dans la nuit, le caissier de supérette qui scanne les codes barres tatoués sur la peau des clients, les livres porno avec des autocollants pour révéler les détails salaces et les punks sans domiciles qui s'endorment après avoir dessiné sur du sable les plan d'une maison hypothétique. Tout dans Ni à vendre ni à louer est ludique, poétique et humoristique avec une vraie fraîcheur de ton. Le film permet de retrouver une belle brochette d'acteurs avec entre autres François Damiens, Dominique Pinon, François Morel, Jacques Gamblin, Gustave Kerven, Maria de Medeiros , Maria Kremer et des second rôles véritables gueule de cinéma comme Arsene Mosca, Chantal Neuwirth, David Salles ou Catherine Hosmalin.
Ni à vendre ni à louer ne plaira sans doute pas à tout le monde et son coté comédie d'auteur conceptuelle déroutera certainement les uns et fatiguera même peut être les autres. Personnellement je me suis plongé avec délices et surprises dans ce petit univers de petites gens, dans ce catalogue de petits plaisirs et de petites peines, dans cet inventaire à la Prévert, dans ce petit film qui procure son lot de nombreux petits bonheurs.