Le 1er rôle important au cinéma de Louis de Funès

Ce film réalisé par Yves Robert en 1958 est un des 1ers à offrir un rôle principal à Louis de Funès, alors âgé de 44 ans et jusqu’ici abonné aux multiples 2nds rôles sur grand écran. C’était le début d’une carrière extraordinaire sur le tard mais qui allait marquer le cinéma français. Il y est entouré de Moustache, Pierre Mondy et de Claude Rich. De Funès y interprète le personnage de Blaireau, très éloigné de ceux qui allaient faire son succès dans les années 60. Blaireau est en effet un braconnier roublard qui passe son temps à défier les lois et l’autorité, et en particulier le garde-champêtre, prenant plaisir à le ridiculiser. On est loin de ses personnages du gendarme Ludovic Cruchot, du commissaire Juve, Léopold Saroyan ou autre Victor Pivert, des figures d’ordre, d’autorité et de pouvoir s’il en est ! Le film grâce à la réalisation d’Yves Robert est bien plus visuel que s’appuyant sur des répliques, même si « Fous-le-camp », le chien de Blaireau est un personnage savoureux. Il faut voir De Funès lui dire : « Viens ici mon Fous-l’-camp ! ». Les trouvailles visuelles sont nombreuses, comme souvent dans le cinéma d’Yves Robert et sa réalisation s’inspire bien plus du cinéma burlesque muet que du cinéma comique français de l’époque. Il flotte ici un vent de liberté et de non-respect de la hiérarchie qui est réjouissant : les gardiens de la prison dirigée par Pierre Mondy font sortir en douce les détenus…pour qu’ils puissent aller au cinéma ! Quant au directeur, il accompagne Blaireau lui aussi détenu pour récolter ses collets une nuit de pleine lune !!! Ce vent de liberté et d’hédonisme soufflera aussi dans « Alexandre le Bienheureux ». On passe franchement un très agréable moment. Quant à de Funès, le succès grandissant allait éclater quelques années après (« Le Gendarme de Saint Tropez » est sorti en 1964).