Nico Icon
7.2
Nico Icon

Documentaire de Susanne Ofteringer (1995)

Je ne connaissais le Velvet et Nico que de réputation, mes tentatives de découverte de la musique ayant toujours été un peu contrariées par le fait que je n'ai toujours pas trouvé la porte d'entrée.

Nico est une énigme, c'est difficile de résumer le personnage puisque personne ne l'a vraiment connue. Elle vivait seule dans sa bulle, au milieu du reste du monde (enfin au milieu du reste du monde intello-artistique), fascinant systématiquement son entourage, s'amourachant soit d'illuminés plus ou moins talentueux, ne faisant jamais ce qu'on attend d'elle (et pas par pure opposition rebelle). Elle avait une voie (et une voix) à elle, elle l'a suivi sans se poser de question, la poussant à tomber enceinte de Delon (qui refusera de reconnaitre l'enfant, reniera plus ou moins sa mère qui l'élève), abandonné son fils avant de le retrouver et de l'initier à l'héroïne. Muse de Warhol, parachutée chanteuse d'un groupe qui joue ensemble depuis 4 jours (le Velvet), top model, squatteuse, chanteuse, compositrice (inséparable de son harmonium), elle a vécu 10 vies sans qu'aucune ne lui ait jamais apporté vraiment le bonheur (peut être portait-elle le deuil de son père tué par les SS).

Ce qui est troublant, c'est d'abord son physique. D'une froideur que j'ai rarement pu voir, belle à se damner sur certains plans (elle portait cette beauté comme un fardeau, fardeau dont elle s'est débarrassé à coups de teinture et de drogues), hideuse à d'autre, elle portait en elle une détresse, un mal être palpables. Elle ne s'intéressait à rien jusqu'à ce qu'elle se lance dans sa "carrière" solo, elle fascinait tout le monde parce qu'elle était inatteignable, que personne ne pouvait la connaitre. Je ne suis malheureusement pas très sensible à sa musique mais force est de reconnaitre qu'elle véhicule bien ses émotions, la souffrance, la tristesse, la mélancolie dans le meilleur des cas. Fascinée par Jim Morrison (au point qu'elle s'endort après avoir allumé un cierge devant sa photo), elle ne voit que lui sur terre qui ait quelque chose en commun avec elle.

Très difficile de parler de Nico. Elle a fasciné autant que Marylin (avec qui elle a pris des cours de comédie d'ailleurs) mais à un niveau plus intello, chez ceux qui voulaient être hype... Voir ses (nombreux) anciens amants se replonger dans leurs souvenirs, les voir souffrir des années plus tard de sa disparition (ou juste de leur rupture) ou encore entendre Ari, son fils (qu'elle a pourtant abandonné et initié à la drogue) en parler comme d'une divinité (y a un Œdipe mal soigné d'ailleurs) c'est assez irréel, on a du mal à imaginer une femme comme ça. Presque plus humaine, elle vivait sur un autre plan de réalité (elle l'explique d'ailleurs, elle avait son petit monde dans sa tête dans lequel elle se réfugiait).

Je crois que si un scénariste avait écrit un personnage comme celui de Nico, personne n'aurait cru à l'histoire. Assez troublant. En tout cas, documentaire super intéressant, beaucoup d'archives et de témoignages, des extraits des soirées chez Warhol (ouh putain), des films de Garrel (ouh putain bis), beaucoup de longs plans silencieux et serrés sur ses yeux (quelle tristesse). Troublant encore une fois.
NicoBax
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le 15 nov. 2010

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