mars 2010:
Etrange polar à traits particuliers.
István Ventilla le réalisateur nous conte une tragédie, celle de Nicole (Leslie Caron), une veuve pas du tout éplorée puisqu'elle a fait tuer son mari par son docile majordome. Elle va tomber amoureuse d'un homme et d'une jeune fille (Catherine Bach qui n'en est qu'à son deuxième ou troisième film) dans le même temps. Sa paranoïa et surtout son soucis constant, obsessionnel de contrôler, de manipuler les gens qu'elle rencontre vont ruiner toutes ses tentatives de vivre heureuse et comblée. Ses désirs ne sont jamais pleinement satisfaits.
Film noir avant tout, très marqué par son époque, Nicole ("Crazed" sur le dvd américain) fait partie de ces petits films indépendants (c'est la Troma qui l'a repris pour le diffuser) qui essayaient de créer quelques chose malgré la faiblesse des moyens.
Ici le montage très libre, parfois non linéaire, fait des inserts de nombreux souvenirs qui se téléscopent pour perturber la perception de la réalité chez Nicole qui se sent ainsi agressée, sans que cela soit le cas pour le spectateur, je m'empresse de le préciser. Je n'y connais rien en technique mais le réalisateur utilise souvent ces angles arrondis, ressemblant à ce que donne une caméra de surveillance et à d'autres moments encadre ses personnages de manière très originale. Son film apparait à maintes reprises comme un petit objet expérimental. Il évolue avec un rythme parfois rapide, à d'autres un peu lent. Très difficiles de comprendre, ces changements de tempo comme de caméra me laissent perplexe d'autant plus que le film reste lisible et agréable à voir. Seules, quelques longueurs ici et là empêchent d'embarquer totalement dans l'histoire.
Les liens entre le personnage jouée par Leslie Caron et celui de l'excellent Ramon Bieri restent trop obscurs également. Les acteurs ne sont pas toujours très bons, le vieux (je crois que c'est un John Williams) ainsi que l'amant (Bruce Graziano) ne savent pas trop quoi faire devant la caméra. A tel point que l'on peut se demander quelle est la part d'improvisation dans la direction d'acteurs.
J'ai été agréablement surpris par le jeu développé avec candeur par Catherine Bach, toute jeune et toute pulpeuse à souhait, la future Daisy de "Shérif, fais-moi peur". Elle s'en sort relativement bien. Et je ne dis pas cela parce qu'elle offre à nos regards concupiscents le spectacle ravissant d'un déshabillage furtif. Elle joue bien mais n'affirme pas assez sa présence surtout face à Leslie Caron qui bouffe tout l'espace restant il est vrai.
Finalement un petit ovni, insolite, pas mauvais qui ne casse pas la baraque non plus.