(Vukekparsurleweb) Après un "Devilman Crybaby" sans doute plein de bonnes intentions mais qui pâtissait notamment d'une technique complètement à la ramasse (cf. ma critique ici), j'attendais vraiment Masaaki Yuasa au tournant avec ce film, suite spirituelle de l'incroyable série animée The Tatami Galaxy, que tout amateur d'animation japonaise qui se respecte (et ayant tout de même dépassé le stade shônen) se doit d'avoir vue une fois dans sa vie. On retrouve en effet ici la même auteure (pour la source littéraire initiale) et la même équipe technique que pour la série.
Et c'est véritablement avec un certain plaisir qu'on retrouve l'univers allumé de "The Tatami Galaxy", où les romances étudiantes se muent en véritables épopées métaphysiques, à coups d'univers parallèles et de "fils du destin" en constants remaniements. Ici, une jeune femme vit de multiples expériences en une seule et même très longue nuit (qui semble durer une année), tandis qu'un amoureux transi va lui courir après au prix de mille et unes épreuves. L'animation du film, une fois n'est pas toujours coutume donc avec le studio Science Saru, est solide et certaines séquences sont visuellement splendides (ce qui ne gâche rien).
Néanmoins, même si je n'ai certes pas boudé mon plaisir, je ne peux pas vous cacher avoir éprouvé l'impression assez désagréable, face à un film qui se présente pourtant a priori comme une œuvre indépendante à part entière, de n'avoir affaire au final qu'à une extension / un reboot un peu paresseux de la série précédente : retour des mêmes personnages à quelques exceptions près (on retrouve tous les protagonistes principaux de la série, dont beaucoup pour des caméos qui ne feront pas vraiment sens pour quiconque n'a pas vu The Tatami Galaxy; en outre, les deux protagonistes principaux, qui finissaient ensemble à la fin de la série, sont de retour, de nouveaux célibataires et comme si de rien n'était...), mêmes ficelles narratives (autour de thèmes classiques de la vie estudiantine japonaise - la boisson, les fêtes de fin d'année, les clubs, etc.), si bien que, comme je l'indique en titre, le tout aurait bien pu être transformé en 4 ou 5 épisodes distincts de la série originale sans choquer quiconque. Bref, la prise de risque est à la fois minimale pour le réalisateur (qui reste en terrain balisé), mais pour un résultat qui ne tient, à mon avis, pas vraiment la route en stand-alone pour des spectateurs qui n'auraient pas vu la précédente série (à moins que ceux-ci soient extrêmement réceptifs aux récits déjantés et foutraques).
Bref, une impression en demie-teinte avec un sentiment de légère déception pour un long-métrage solide, mais qui ne fera pas date (hormis comme une extension en long-métrage de l'univers Tatami Galaxy).