Étudiant en quête d'un avenir meilleur, Benny pensait rendre service à son frère Jay en se faisant passer pour lui et prendre son poste de chauffeur le temps d'une soirée. Mais sa route va croiser celle de deux clients dont les canines sont bien plus allongées que la moyenne humaine. Chargé de les conduire à diverses destinations durant la nuit, Benny va découvrir un monde dont il ignorait l'existence et où vient d'éclater une terrible guerre de territoires...
Bon, malgré son point de départ qui pouvait laisser augurer quelques ressemblances, "Night Teeth" n'est évidemment pas l'équivalent d'un "Collateral" de Michael Mann en mode vampirique. Comme on pouvait s'en douter, le film d'Adam Randall a des ambitions bien moindres et, même si la virée nocturne aux quatre coins de Los Angeles restera de mise tout au long du film, elle va surtout être le prétexte pour mettre en avant, sous ses aspects fantastiques, une banale guerre de gangs où un vampire va avoir les dents plus longues que ses collègues. Sur la durée, on ne peut pas dire que "Night Teeth" dévoile un système vampirique d'une originalité folle avec l'ordre établi entre ses prédateurs, ses chasseurs et ses humains, ni même par les ambitions révolutionnaires de son méchant Victor, simplement là pour agiter le drapeau d'un chaos menaçant qui s'abattra tôt ou tard sur la dynamique que le film installe entre ses trois principaux protagonistes.
Mais, en attendant, il faut bien avouer que "Night Teeth" réussit à nous attacher à ce trio improbable formé par Benny et ses fameuses deux clientes. En plus d'une charismatique Lucy Fry (vue dans la première saison de la série "Wolf Creek) qui apporte de jolies étincelles de cruauté à l'ambivalence de son rôle, la petite amourette naissante entre Benny (Jorge Lendeborg Jr) et son autre jolie passagère Blaire (Debbie Ryan) va plutôt bien fonctionner tout au long du film, réservant même quelques moments touchants lorsqu'ils laisseront entrevoir leurs connivences vis-à-vis de leurs conditions respectives. Avec eux, la découverte des différentes rouages de cet univers vampirique se fait en très bonne compagnie, même si on peut déjà regretter que les adversaires à éliminer sur leur route ne soient pas à la hauteur ou n'aient pas assez de temps pour s'imposer (c'est notamment le cas de la très courte apparition des personnages de Megan Fox et Sydney Sweeney, juste présentes pour incarner rapidement le pendant hollywoodien de ce Los Angeles vampirique).
De plus, les scènes d'affrontement pourtant très sympathiques entre l'opposition de nonchalance et de bestialité dont font parfois preuve les héroïnes se font assez rares ou s'écourtent trop vite au profit des autres points de vue secondaires et de, finalement, toute l'intrigue loin d'être innovante dans sa globalité. Dommage car "Night Teeth" bénéficie de FX convaincants et d'un environnement visuel un peu au-dessus de la moyenne de certaines productions Netflix, il n'y a qu'à voir l'esthétique de son génial prologue ou le début de son générique de fin, l'ambiance classique d'un Los Angeles coloré de néons ainsi que quelques fulgurances de mise en scène sont également à ranger du côté des qualités du film.
Jamais déplaisant à découvrir car plutôt bien emballé et porté par l'alchimie évidente de ces trois têtes d'affiche, "Night Teeth" n'a hélas que très peu d'arguments inventifs à avancer sur le fond de sa proposition vampirique pour se démarquer d'un sous-genre fantastique déjà fortement embouteillé de récentes canines ensanglantées.