Dans les douches humides et sous filtre jaune, un type plutôt mal en point en cogne un autre plutôt mal en point. D'autres gars, interpellés par la scène, décident de les séparer à grands coups de cutter, ce qui est loin d'être commode. L'un des deux larrons, un peu moins chaos que l'autre, s'empresse alors de corriger les malotrus et dégomment tout ce petit monde. Et le tout est très jaune. Hop, on reprend plus tard, un gars chelou est libéré de prison, un flic torturé se fait sermonner et on lance un petit thriller tranquillement, avec la petite patte étrangement asiatique qui va bien. Oui sauf que cette fois, tout ne tourne pas rond au pays du soleil du milieu.
En effet, le repris de justice fraîchement libéré, c'est évidemment celui qui s'est bastonné plutôt fort au début et qui vous a fait croire, à tort, que le métrage allait parler de combat un peu bourrin. Mais non. Le type a déjà pas une tête de porte-bonheur, mais la caméra se décide de lui coller aux fesses pour le montrer en train de reluquer des filles dans la rue, mangeant une glace de façon fort bruyante et fort dégoûtante. Et puis on le voit en train de s'énerver contre le portrait affiché d'un type. Et même, on le voit suivre tranquillou une fille, s'installer en face de sa maison et être sans doute un protagoniste très, mais alors très glauque. Le mec du portrait, un gars qui fait de l'opéra, n'est pas très gentil avec sa fille, on suppose même qu'il la tripote sous les draps et il vient à mourir. De là, le flic torturé du début aura très envie de lui mettre cette mort sur le dos.
On est donc dans la catégorie du thriller, même si on met un peu de temps à le comprendre, étant donné que le film lui-même n'a guère l'intention de le dire. Ca attend quand même d'avoir clairement un crime sur le dos, avec deux ou trois détails bien percutants pour qu'on commence à se dire "bon, ça sent l'enquête !". Problème : les "deux trois détails" sont horriblement appuyés. Genre "ATTENTION, LE PROTAGONISTE CENTRAL EST UN VRAI MALADE HOU LE MALADE". Bon, ok. Donc là, le métrage en chie tellement des caisses qu'à la fin, ça devient évident que ce n'est pas lui le tueur et qu'il sera accusé à tort. Et voilà, ensuite "HO, LE MÉCHANT PAPA Y TRIPOTE SA FILLE", où l'on imagine fort que cela va un peu plus loin. En fait, le métrage essaie tellement de diriger le spectateur dans un sens qu'en partant simplement du principe que la vérité va dans l'autre, on trouve le pot aux roses. Moi, au bout de trois quart-d'heures. Mais c'est énorme ! Vous dites-vous. Mouais.
En fait, ce n'est pas si long que ça : le métrage est horriblement lent et plein de vide. Il met des filtres partout, vous colle deux trois flashbacks à l'arrache parce que vous aviez pas bien compris. Ce n'est pas entièrement mal filmé, hein, on a droit à des séquences pas mal et même, les acteurs sont plutôt bons. Mais l'intrigue tourne vite en rond, le personnage central faisant absolument n'importe quoi. Pire, il y a la scène du téléphérique, avec ses CGI pas top du tout, son suspens plutôt wtf et sa conclusion qui m'a épouvanté. A ce titre, le dernier tiers du film est assez bizarre, avec le protagoniste qui kidnappe la nana pour ensuite SPOILER mettre en scène son suicide sans que l'on saisisse bien sa volonté. Par la suite, un autre personnage avance le fait qu'il voulait sans doute s'enfuir, mais comme le film progresse lentement, ça ne fait pas trop sens : s'il avait voulu partir, franchement, il pouvait le faire n'importe quand...
Ce sera donc un grand "non" pour ce long métrage qui m'a ennuyé au plus au point. Rien à faire. J'ai trouvé prétentieux les effets de style, orgueilleux ce scénario "jeu de piste" et vide une bonne partie du métrage durant lequel, l'enquête progresse vaguement et le héros fait n'importe quoi pour paraître tellement suspect qu'à mon sens, cela achevait davantage l'intérêt du thriller qu'autre chose. Non, je n'ai pas du tout marché dans ce récit.