Cette adaptation du roman de William Lindsay Gresham par Guillermo del Toro est remarquable, grâce notamment à un casting parfait et à une mise en scène sombre et intense.
On retrouve les clairs obscurs si bien maitrisés par le cinéaste mexicain, magnifiés par une Cate Blanchett a son apogée et un Bradley Cooper rayonnant.
Âme en peine en quête de sens, à l’aube de la seconde guerre mondiale, le jeune Stanton Calisle se retrouve par hasard enrôlé dans le monde folklorique et sombre des fêtes foraines. Loin d’être choqué par les monstres de foire, Stanton tombe sous le charme de la jeune Molly mais surtout des subterfuges et du pouvoir offert par le mentalisme. Prêt à tout pour accéder à la félicitée, il comprend que son don pour bonimenteur peut l’amener vers les sommets. Tel Icare, il s’y brule les ailes en voulant aller trop haut.
Le point de non retour est symbolisé par la fascinante psychologue Dr Ritter (magistralement interprétée par Cate Blanchett): femme fatale qui va progressivement amadouer le cupide Calisle avant de décider de l’achever telle une mante-religieuse. On se délecte des confrontations de ces deux manipulateurs des tourments humains, perfections esthétiques en contre-champ.
La progression dramatique est exquise et la chute redoutée du séduisant charlatan nous offre un dénouement violent et déroutant, comme achevant un cycle d’autodestruction inéluctable.