L'ambiance qui sauve un naufrage?

Un found footage qui s'avance fièrement sur le terrain du cinéma d'horreur français, mais qui trébuche dès les premières minutes.

Vous êtes là, prêt à vous plonger dans l'atmosphère glauque d'un sanatorium abandonné, et boum, une dispute d'ouverture aussi mal jouée qu'une scène d'atelier théâtre de lycée. Autant dire que ça refroidit direct.

Jouer une dispute sans gérer les silences, c’est le niveau 1 de l'acting...

Mais voilà, le film ne s'effondre pas tout de suite, il titube, se relève, et commence à nous embarquer dans une exploration urbaine qui aurait toute sa place sur YouTube.

L’ambiance est là, le décor est parfait, les acteurs se calment et enfin, on peut s'y croire un peu. Les plans sont léchés, la mise en scène, même si elle n'invente rien, fait le job. On se retrouve dans un faux documentaire qui parvient à titiller notre curiosité. Mais le diable est dans les détails, et ici, ce sont les performances des acteurs qui jouent au yo-yo.

Un coup, ça passe, un coup, ça casse, et souvent, ça casse bien fort.

Autour de la 40e minute, vous avez droit à une réplique qui ferait passer un épisode de Scooby-Doo pour du Shakespeare. Ils entendent quelqu'un courir à l'étage du dessus et

“Oh. mais qui c’est qui est là oh!”

…

Sérieusement ? On touche le fond. C’est à se demander si le film n’aurait pas gagné à rester muet par moment.

MAIS MIRACLE!

La fatigue de l'enregistrement et peut être la peur réelle des acteurs aide à revenir à quelque chose de très efficace. Comme quoi, ce film est plein de surprise et même s'il est loin d'être excellent, je voudrai saluer l'effort et le fait d'avoir l'impression de voir une œuvre qui se débat pour fonctionner.

Visuellement, il n'y a pas grand-chose à redire.

L’image est propre, la tension est palpable par moments, et on sent que l’effort y est. Mais pour chaque bonne scène, vous avez droit à un truc qui tombe tout seul, une boîte à musique qui s’ouvre, bref, du recyclé. À force, on pourrait s’ennuyer.

Les bugs auditifs fonctionnent très bien et agrémentes les plans horrifiques d'une très belle manière. Même si ça fini par devenir un peu lourd et cliché, car trop bien réalisé pour des bugs. On aurait dû y entendre du grésillement et autres artéfacts bien moins travailler pour ne pas briser la crédibilité à l'ambiance.

Je crois que c'est d'ailleurs la chose qui m'a le plus sorti du film. Certain bugs auditifs sont excellents, mais la plus part souffre d'un "trop de travail", donnant un côté factices difficile à supporter à la longue.

En fin de compte, Nightshot aurait pu être un petit bijou de terreur minimaliste, mais il se perd dans les conventions du genre. On y passe un bon moment horrifique, où le lieu de tournage génialissime fait tout le boulot, pendant que le film patine dans la semoule.

C’est du found footage, oui, mais de celui qui rappelle pourquoi le genre a autant de ratés.

N'oublions pas que Night shot sait surprendre en faisant pleins de beaux efforts. C'est un genre très codifié et difficile, c'est normal de se frotter à quelques difficultés.

Prenons le pour ce qu'il est, un jolie train fantôme remplis de clichés, mais efficace.

Mettez vous dans le noir et les moments sans dialogues à avancer dans ces dédales suffisent à provoquer l'angoisse.

Un film qui plaira peut-être aux puristes de l’urbex et du cinéma d’horreur fauché, mais qui laissera les autres sur leur faim, avec une indigestion d’occasions manquées.

Ce qui me laisse quand même curieux de voir un prochain film du réalisateurs, car quelques fulgurances m'ont donné un avant goût prometteur!