La Russie nous avait déjà fait parvenir il y a quelques années des films de créatures de la nuit aux dents longues. Je veux bien entendu parler de Night Watch (2004) et Day Watch (2006) de Timour Bekmambetov qui depuis alterne les films entre la Russie et les Etats Unis. On lui doit par exemple le sympathique Wanted : Choisis ton Destin (2008), le nanardesques Abraham Lincoln : Chasseur de Vampires (2012) ou le moyen Ben-Hur (2016). Ici, nous allons parler d’un de ses compatriotes, Emilis Velyvis, qui avait déjà réalisé Redirected (2014) avec Vinnie Jones, et qui tente ici une nouvelle adaptation de la série de romans « Night Watch » de Serguei Loukanienko tout en s’éloignant de l’univers d’origine pour n’en garder que la trame principale. Ça donne Nightwatchmen – Les Gardiens de la Nuit, un film qui se la joue Underworld mais avec le gouvernement à la place des loups garous, et surtout avec bien moins de budget (un peu moins de 4M$US). Le résultat est plutôt fun… à condition de ne pas avoir de grandes attentes…
Arrivé chez nous directement en DTV, Nightwatchmen nous présente un scénario vu et revu de nombreuses fois. Il reprend les classiques codes du jeune homme lambda, ici livreur de courrier, qui mène une vie lambda voire un peu redondante, et dont le destin va être changé à tout jamais lorsque. A cause d’un malentendu, le voilà propulsé chasseur de vampires, et même « élu ». Avec bien entendu tout ce que cela implique d’apprentissage entre lui, complètement novice dans l’exercice du défonçage de canines ensanglantées, et son nouveau mentor qui lui dévoile petit à petit tout ce qu’il ya à savoir afin de devenir un vrai guerrier digne de ce nom. Question, inventivité, il est clair qu’on repassera et que tout est ici prévisible du début à la fin, du déroulement de l’histoire à m’amourette entre le héros et la jeune et belle vampire, en passant par le final. Le fond de l’univers, avec cette équipe spéciale du gouvernement censée contrôler toute forme de vie anormale (les divinités déchues) qui trainent autour de Moscou afin de maintenir un équilibre et de faire en sorte que la cohabitation se passe bien, ce groupe de plus en plus nombreux qui décident de ne plus respecter cet équilibre car il est temps que les vampires prennent le dessus sur ces êtres insignifiants que sont les humains, tout ça sent clairement le réchauffé.
Le film pompe un peu partout, de Underworld donc en passant par Men in Black (qu’un personnage cite ouvertement d’ailleurs sous forme de blague), jusque dans ses personnages caricaturaux au possible qui pourraient être interchangeable avec ceux d’autres bobines du genre. Ah ça, on sent très vite qu’on ne va pas être devant du grand cinéma. Mais on sent également très vite que le film n’en a pas la prétention et ce que qu’il cherche à procurer au spectateur, c’est du divertissement pur et dur.
Visuellement, Nightwatchmen ne s’en sort pas trop mal. La photographie du film est jolie, les décors sont corrects et certains plans ont vraiment de la gueule. Les CGI vont du moyen (le sanglier) au bon (les sauts dans le vide), et dans l’ensemble se tiennent compte tenu du budget alloué au film. Les maquillages à l’ancienne ont un côté kitch, à tel point qu’on se croirait parfois revenu 20 ans en arrière, période Buffy contre les Vampires. Ça a son charme, mais les plus jeunes trouveront sans doute ça dépassé. Si je parle des « plus jeunes », c’est aussi car le film est plutôt familial. Pas d’effusion de sang ici, un happy end un peu à la con où tout est bien qui finit bien, et des grandes phrases pseudo philosophiques afin d’à priori inculquer certaines « règles » à ce public qui les absorbe très facilement. « Le vouloir n’est pas suffisant » par exemple, « Tout le monde a des ailes, ça ne veut pas dire qu’on peut tous voler », ou encore un magnifique « Un guerrier est celui qui met la peur de côté et qui s’envole sur les ailes de l’amour ». Oui, j’avoue, j’ai été pris de fou rire à plusieurs reprises avec ces dialogues parfois improbables.
Nightwatchmen ne s’en sort pas trop mal également au niveau de ses scènes d’action, même si, comme dit plus haut, il est nécessaire de ne pas attendre trop du film. Elles sont pourtant pleines de tics que je déteste, comme ces ralentis et autres effets de style à outrance qui sont constamment utilisés, à chaque coup de poing, de pied, de feu. Elles ont même un côté très nanar car vachement codifiées, voire poseuses. Mais elles sont malgré tout plutôt fun car elles n’ont parfois aucune limite. Je citerais par exemple le craquage de la sulfateuse géante dans le métro, sans doute la scène la plus réussie. Le tout sur fond de pop ou techno russe du « plus bel effet », j’avoue que ça a son charme.
Nightwatchmen, Les Gardiens de la Nuit est un divertissement pour adolescent qui, vu avec des yeux d’adultes, ne pète guère bien haut. Lisse, peu profond, cliché, prévisible, mais respectant néanmoins la mythologie vampire et au final correctement emballé, il demeure néanmoins une petite bobine fun si on le regarde avec un œil pas trop exigeant.
Critique originale : ICI