14 minutes et 13 secondes

Avoir "peur" de ces Neuf vies serait compréhensible. Le concept même du film n'est pas fait pour rassurer : 9 courts-métrages tournés en 1 seul plan-séquence chacun, avec des personnages glissants d'un segment à l'autre. D'autant plus que son réalisateur Rodrigo García n'est pas très finaud. C'est le moins que l'on puisse dire. C'est un peu le Hans Zimmer du drame féminin lacrymal, une sorte de cousin colombien éloigné de Pedro Almodóvar, mais alors de sixième génération. Pour la finesse, on repassera.

Seulement, il y a ici un court-métrage (le deuxième) qui frôle l'absolue perfection, littéralement bouleversant. Le seul dans lequel la forme, le fond et le jeu bluffant des acteurs est en parfaite osmose avec le dispositif du film. 14 minutes comme touchées par la grâce. Robin Wright, actrice décidément précieuse, en pleine possession de ses moyens, y est extraordinaire, réellement époustouflante... tellement, qu'on croirait regarder une caméra cachée. Le genre de prestation d'une infinie justesse qu'on voit rarement sur un écran. On pourrait ainsi convier Une femme sous influence, Esther Kahn, La fille seule, Claire Dolan, En avoir (ou pas) ou Breaking the waves ; autant de films dans lesquels une actrice vous prend aux tripes sans plus jamais vous lâcher... et tout ça, en 14 petites minutes. Le reste du film est bien fade en comparaison...