Ninja Scroll fait l’effet d’une fabuleuse claque avec son univers endiablé et transgressif, ne faisant jamais dans la demie mesure. Dès cette première séquence sur le pont avec ces joutes aux sabres, Ninja Scroll assoit son côté crépusculaire, presque western, avec ses couleurs chatoyantes et nébuleuses. Le film a un souffle épique, cadenassé par un rythme décadent ne laissant aucun répit et mettant en exergue des affrontements aux armes blanches d’une folie sanglante à couper le souffle, comme ce duel entre Jubei et Tessaï. Malgré les années passées, Ninja Scroll garde un dessin ultra léché, une esthétique d’une classe absolue et une fluidité sans failles qui permet au spectateur de suivre les moindres mouvements de ces combats à la violence plus que jouissives, à l’image de cette boucherie où tous les compagnons de Kagero se font exécuter les uns après les autres. Mais disons le tout de suite, même si l’histoire ne connait aucun accroc, Ninja Scroll ne fait que raconter la simple l’histoire d’un coup d’Etat où l’on suit trois compagnons de route essayant de tout faire pour empêcher ce désastre.
Mais derrière cette barbarie stylisée, ces aspects outranciers dans la mise à mort, cette érotisation des formes voluptueuses des jeunes femmes à l’image de la charmante mais venimeuse Benisato, la grande force du ce film réside dans l’écriture de ses protagonistes, un peu tous borderline et cachant quelques mystères qui leurs sont propres, et qui de fil en aiguille, vont de plus en plus s’affranchir de leurs cicatrices personnelles. Même les personnages démoniaques ont tous les particularités et leur singularité qui leur donnent corps, avec tout un arsenal de guerre bien badass. Fascinants dans leur escapade, Jubei Kibagami est ultra charismatique, samouraï vagabond à la loyauté flamboyante et la jeune Kagero, jeune ninja vivant avec une malédiction empoisonnée pour la femme qu’elle est. Leur périple les rapprochera, et mettra en lumière leur humanité émouvante et poignante. Ninja Scroll est un spectacle animé majestueux, un choc visuel classieux, à la violence bourdonnante.