Chile, la alegría ya viene!
Ce titre fait bien sûr référence au slogan de la campagne du "No" qu'on ne peut s'empêcher de fredonner une fois le film terminé (preuve de son efficacité!). C'est un film à la fois agréable et utile.
Agréable de par le parti pris du réalisateur de nous narrer l'histoire d'un publicitaire lambda embarqué presque malgré lui dans cette campagne plutôt que l'Histoire avec un grand H qui aurait pu difficilement éviter les écueils du genre pathos larmoyant et discours anti fasciste rébarbatif("bouh la dictature c'est pas bien!"). Cette "légereté" du récit, qui contraste avec la dureté du régime en place, donne une bouffée d'oxygène au spectateur d'autant plus que de nombreuses touches d'humour bien senties viennent ponctuer l'ensemble. L'autre parti pris du réalisateur, à savoir d'utiliser de vieilles caméras des années 80, se révèle efficace et apporte un vrai plus en terme de réalisme historique.
Utile car le film vient rappeler le poids des images et l'outil de propagande (pas de connotation péjorative ici) considérable que peuvent représenter les campagnes de publicité. A l'heure où la communication est souvent accusée (à juste raison) de vider de son sens le discours politique, ce film vient nous rappeler que le marketing politique peut aussi être utilisé à des fins louables et être porteur de changement, qui l'eut cru?
Néanmoins, le discours en tout point identique de René Saavedra (qui ne doit son implication dans la campagne qu'à l'engagement politique de son père) avant et après la chute du régime (cf dernière scène) interroge sur les réelles avancées de la transition démocratique au Chili et humanise aussi le personnage principal qui n'aura tiré aucune gloire de cette victoire du "No", et n'aura pas forcément éveillé outre mesure sa conscience politique, un personnage lambda on vous dit!
Plusieurs interprétations de cette scène finale peuvent être faites et ce n'est là que mon point de vue personnel. C'est en tout cas la marque d'un film de qualité.