Un thème du film.
No Mercy for the Rude est un très bon film. Un film pour lequel ma note oscille entre 7 et 8. Un film que je conseille à ceux qui ont aimé l'acteur principal de Sympathy for Mr. Vengeance, l'excellent Shin Ha-kyun, qui donne encore une fois dans le personnage mutique à ceci près que le quatrième mur est explosé dès le départ, le personnage de Killer s'adressant directement à nous, nous plongeant constamment dans ses pensées. On en tire une certaine jouissance à suivre les paroles de cet être silencieux, les conclusions naïve de cet être ingénu, ce tueur si innocent.
Accompagné de Ballet, son comparse dans le crime, notre héros exécute des contrats pour le compte d'un mafieux grotesque, lié à une troupe de tueurs farfelus et délurés. Homme de routine, Killer accompli un rituel après chaque meurtre, allant satisfaire son appétence pour les fruits de mer pour ensuite s'imbiber d'alcool dans le même bar. Il y fait la rencontre d'une jeune beauté - incarnée par la ravissante Yoon Ji-hye, beauté aussi percutante que fragile - effrontée, aussi tyrannique qu'impétueuse, véritable bouleversement dans la vie bien rangée de notre tueur. D'autant plus qu'un contrat tourne mal...
La force de ce film réside dans son histoire qui oscille entre burlesque, polar noir et drame romantique. Burlesque à l'image de cette scène ridiculement comique du pique-nique des tueurs, à l'image de cette galerie de personnages veules, lâche, bouffons qui s'oppose au charisme bien trempé de tueurs comme Ballet qui raccroche le film au genre du film de gangster. Film de gangster aux allures de polar noir avec son ambiance de rues crasses, ses plans d'intérieurs très sombres, ses combats au coutelas rondement menés. Reste toute la partie romance que je ne développerai pas trop ici, ne désirant pas vous gâcher une partie du film.
Park Chul-hee nous offre un découpage maîtrisé, fait de transitions imprévisibles, oscillant entre un plan fixe d'intérieur qui place ses protagonistes et leurs émotions au centre, scène d'extérieur complètement bouffonne, combats dans une ruelle sombre...
Pour la scène d'extérieur, je pense à ce passage où l'enfant, Killer et la femme pique-nique puis jouent à la corrida.
La caméra offre de très beaux plans, à l'image des quinze premières minutes du film, que ce soit dans la scène de combat ou dans l'approche du personnage principal juste après, ce mouvement qui nous fait suivre la serveuse pour nous faire découvrir le visage souriant et naïf de Killer. La mise en scène n'est pas en reste, les décors d'intérieurs oscillent entre le surchargé et le dépouillé suivant les personnages qui y vivent, participant d'une excellente caractérisation des personnages.
Alors pourquoi j'hésite entre sept et huit. Parce que l'histoire. Parce que le mélodramatique de la romance qui déteint avec le reste et qui m'ont un peu gâché le plaisir. Parce que si peu de personnages et de développement sont laissés au hasard, peu de personnages sont sous-exploités (enfin, quand même un à mon goût) dans l'entourage de Killer, là où le bât blesse c'est au niveau des antagonistes, un peu convenus et très manichéens. Peu de subtilité à ce niveau, peu de subtilité pour le grand méchant, c'est dommage. Pour ce qui est du côté mélodramatique, je tiens à préciser que cela ne concerne pas le déroulement général de ladite romance. Je la trouve atypique, sympathique et franchement bien traitée. La relation entre cette femme brisée et grande gueule et ce muet franchement agacé par la présence intrusive de la demoiselle m'a carrément fait plaisir. De plus la scène d'amour était bien filmée et nécessaire dans le développement.
Voila donc le dernier point qui explique pourquoi je suis plus sceptique sur la romance qui nécessite un bout de spoiler, vu qu'il concerne la scène de fin :
Lorsque meurt Killer, tout respire le kitch et le convenu et c'est franchement dommage. A l'écran, ça rend bien, c'est beau rien à dire... Mais on est pas surpris par la fin, on sentait qu'on se dirigeait là. Ce qui n'est pas un mal en soit, mais toutes les lourdeurs entre les deux amants avec le "je t'aime" pathétique... un peu too-much, tellement dommage. Pourquoi insister sur l'actrice qui à ce moment là en plus n'est pas au sommet de son jeu lorsqu'elle pleure ? Pourquoi finir par tuer le tueur quand on aurait pu partir sur un truc original et amoral ? Pourquoi tant d'amour niaiseux à la fin et de pseudo-révélations quand tout était bien branlé avant ??? Quand à la scène dans l'arène...
En bref, pour ceux qui ne veulent pas lire le truc au dessus, va voir le film. Pas le meilleur coréen mais un très bon, qui mérite un 7,5, si seulement SC permettait de telles notes. Mise en scène soignée, peu de fautes de goût, histoire avec un brin de fantaisie et d'originalité qui nous fait passer un bon moment.