Bonne surprise avec ce film, plein de qualités.
Tout d'abord, il est la preuve que réaliser un long métrage avec peu de moyens n'est pas un gage de mauvaise qualité, à l'heure ou moult productions misent sur des sommes considérables, sans aucune profondeur, aucune histoire, ni encore moins de scénario digne de ce nom.
C' est un VRAI film d'horreur, avec son lot de litres de sang et paquets de tripes.
Évidemment, vu sa nature, ce n'est pas un blockbuster destiné à des milliards de spectateurs de 7 à 77 ans, gavés de popcorn, avachis dans la salle d'un multiplex, je ne sais où.
Cette œuvre est beaucoup moins bête, basique, qu'il n'y parait.
Le scénario, bien ficelé, à la manière d'un bon rôti bien saignant, tourne intelligemment autour d'une histoire de cicatrice (c'est presque "lynchien").
Faut-il y voir une allégorie du syndrome de Stockholm ?
Une métaphore sur les rapports amoureux, entre attirance et dépendance, douceur et violence, mélange des sens, des sangs, et des pensées ?
Ce qui m'amène à un autre élément intéressant, la subversion.
Les personnages:
- un couple de petits bourgeois de province sensés être les victimes idéales (elles le sont toujours d'habitude).
- une bande de gangsters dégénérés, violents, qui se font trucidés allègrement.
- un flic qui se fait lui aussi défoncé.
- une famille de grands bourgeois qui en prend pour son grade.
- un dénonciateur (hôtelier): mort aussi.
- un jeune paumé qui dérouille.
- une ado sympa qui mange sévère.
- une femme soumise, qui désire la mort d'autrui par personne interposée ... et qui en paye le prix (faut-il y voir une critique acide des va-t-en-guerre derrière leur télé, prompt à réclamer la peine de mort, voter et aboyer, de loin ... Irak, Syrie, Lybie, mon petit BHL, quand tu nous tient !).
- un méchant hyper balaise, trop trop fort (seuls les vrais prédateurs sont-ils les vrais gagnants de nos sociétés capitalistes?).
- une "fille de fac" aliénée (cette réplique m'a fait beaucoup rire).
L'humour n'est pas en reste, avec un côté série B assumé, véritable déclaration d'amour aux productions gore des années 80 (plans, situations, lumières, lieux: mention spéciale au coup de la cachette dans un obèse, façon Predator cheap).
Enfin, pour une foi, on a des personnages qui essaient véritablement de s'en sortir, sans accumuler les actions plus débiles les unes que les autres.
On pourrait accumuler les proverbes et autres poncifs, pour finir, explicités par ce film, comme:
"L'homme est un loup pour l'homme"
"Bien mal acquis ne profite jamais"
"Un chasseur sachant chasser sans son chien est un bon chasseur"
"Tel est pris qui croyait prendre"
"Le porc, c'est bon quand c'est mort" ... oups, je m'égare.
C'est rafraichissant et loin d'être bête, notamment avec ce duo mortel entre le bourreau et sa victime blonde, qui donne force et profondeur au film.
PS: à voir en VOST, si possible, les doublages sont nuls par rapport à l'original.
L'acteur principal n'en est que meilleur, comme les autres (notamment les voyous, ça n'a rien à voir en VO).
Je m'attèle de ce pas aux autres films de ce réalisateur, c'est une heureuse découverte.