Nécessaire mais pas totalement efficace

C’est un exercice difficile que de noter « No Other Land ». Faut-il le faire à travers le regard militant qu’il propose et partagé avec le spectateur ou bien le considérer comme un objet de cinéma comme un autre ? C’est sur ce deuxième point que cette critique sera un peu plus exigeante.

On est plongés au cœur d’un conflit dans une situation d’injustice flagrante. Mais quels sont les enjeux ? Pourquoi cette hostilité envers les habitants ? Aussi abjects soient-elles, quelles sont les raisons à pousser l’armée israélienne à vouloir les déloger ? Quelle haine pousse les civils appelés « colons » à venir jeter des cailloux sur leurs voisins ? On aimerait leur tendre le micro pour comprendre. On a finalement assez peu de réponse et on en subit avec eux cette injustice, privé d’un cadre pour la saisir pleinement.

Formellement, on est sur un pur film d’urgence : peu de montage, un cadrage précipité, la vidéo comme arme face aux fusils du Tsahal. Tu me frappes ? Je te filme. Un choix cohérent mais au détriment de la narration. Un documentaire doit donner un regard sur le réel, mais quand celui-ci est troublé par l’émotion, il ne reste qu’un sentiment de scandale, puissant mais éphémère.

On sort donc de la salle à la fois indigné et en colère. Malheureusement, une fois décanté, que reste-t-il ? Qu’en retenir si ce n’est un sentiment de frustration ?

C’est un choix difficile de critiquer un film avec de intentions aussi nobles. Malheureusement, il est aussi important d’en souligner les limites pour ne pas atténuer ce cri nécessaire et puissant.