Michael Bay est connu comme le réalisateur des Bad Boys 1 et 2, Pearl Harbor, Armageddon et de la Trilogie des Transformers, sans détailler le reste de sa filmographie.
En somme, un réalisateur offrant des films pyrotechniques, décérébrés, sans âmes et surtout pro-américain.
La critique et le public le démontent et pourtant il intéresse puisque ces films remportent toujours un succès financier.
Au vu de la bande annonce de Pain & Gain, on a un film coloré, bling bling avec des acteurs bodybuildés défonçant tout sur leur passage et cela prouve mes propos précédents : encore un film décérébré, sans âme, gonflé à la testostérone et évidemment patriotique.
Mais voila, ma curiosité m'a poussé à aller voir ce film. D'autant plus que j'adore Mark Wahlberg et The Rock. Et puis bon, je crois bien que plus personne n'attends quelque chose de la filmographie de Bay.
Pain & Gain, chez nous en France No Pain, No Gain (pas de souffrance, pas de récompense, qui a tout son sens dans ce film) raconte l'histoire vraie de trois bodybuildés totalement abrutis appelés les "Sun Gym Gang", célèbres entre octobre 1994 et juin 1995 pour des affaires criminelles.
Plus on avance dans l'histoire, plus on entre dans l'absurde mais c'est toujours une histoire vraie (Michael Bay fait sans cesse un rappel avec un petit texte "Ceci est toujours une histoire vraie").
Je trouve qu'il s'agit (ce début de phrase fera sans doute plaisir à tonsexe) du meilleur film de Michael Bay. Il réinvente son cinéma et nous offre une réalisation inattendue, ironique avec suffisamment de recul. En prime, c'est une énorme critique négative du rêve américain avec ses trois protagonistes totalement débiles mais attachants.
Le réalisateur garde sa marque de fabrique et ses codes que l'on retrouve dans la majorité de ses films mais il les renouvelle habilement dans cette comédie dramatique sans en abuser.
Oui, j'ai pris ce film comme une grosse comédie bien sombre avec sa pyrotechnie, son cadrage, ses ralentis et sa testostérone habituelle. Toutefois, il y a une certaine retenue qu'il faut saluer.
Sans aller dans un spoiler, l'histoire est celle de Daniel Lugo (Mark Wahlberg), Paul Doyle (The Rock) et Adrian Doorbal (Anthony Mackie) qui sont exagérément musclés mais débiles. Ils ne supportent plus leurs vies routinières. Daniel prend les choses en main et s'élève en chef de leur gang, le "Sun Gymn Gang". Le trio va donc enlever un client de cette salle, Victor Kershaw joué par Monk (Tony Shalhoub) et lui voler sa vie.
Du rêve américain au cauchemar, il n'y a qu'un pas.
Le film n'est pas sans défauts et si je dis ça, c'est qu'il a aussi des qualités.
D'une part, Mark Wahlberg confirme tout le talent que je pense de lui et fait plaisir à voir dans son rôle de chef de gang illuminé et sadique et même si sa filmographie présente des bouses incroyables.
Dwayne Johnson alias The Rock livre une très belle prestation loin de celles de Fast and Furious ou GI-Joe. Un monstre de muscle débile, attachant, d'une grande gentillesse rappelant presque celle de Southland Tales du real' de Donnie Darko.
L'esthétique est belle comme à son habitude. L'utilisation des caméras go-pro (il me semble) renforce l'immersion et le point de vue des personnages à des moments où la tension doit être à son maximum.
Les répliques et le scénario sont absurdes mais justifiés étant donné que le film s'inspire d'une histoire vraie elle-même rocambolesque.
Néanmoins, le film est plutôt long avec quelques passages creux mais justifiés pour s'attarder sur la descente aux enfers des personnages.
Et non, je ne spoile pas puisque le film commence sur l'arrestation de Daniel et fait ensuite marche arrière.
Ce film est réservé à un public averti et curieux car Pain & Gain n'est pas à mettre devant tout le monde.
Ce n'est absolument pas un chef d'œuvre mais c'est un film sans prétention d'un réalisateur connu justement pour ce cas précis.
Je terminerais mon article en rajoutant que Michael Bay livre un film de plus de 2 heures de seulement 26 millions de dollars avec des codes et thématiques qui lui sont chers au service d'un registre inattendu que je trouve extrêmement réussi.
Un véritable OVNI comme étant un pamphlet anti rêve américain et anti matérialiste, bourré d'autodérisions.
Ce n'est pas moi qui le dit, c'est le message véhiculé par Michael Bay : le rêve américain c'est de la merde.
Il suffit de bien ouvrir ses oreilles à la fin du film avec les propos d'un personnage secondaire, dans mes souvenirs ça donnent ça : "La vie c'est avant tout, savoir profiter des petites choses."
En conséquence, ce film est un très joli fuck de Bay à la critique qui je me dois de le rappeler, est plutôt positive (IMDB et Allociné en premier lieu).
Comme quoi, la curiosité n'apporte pas que des mauvaises choses et n'est pas qu'un vilain défaut.