Breaking Dad
La question du cliché est finalement plus complexe qu’il n’y paraît. C’est certes l’argument idéal pour démonter une œuvre, dans la mesure où l’on peut aisément démontrer que tout ce qui nous est...
le 2 juin 2021
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La question du cliché est finalement plus complexe qu’il n’y paraît. C’est certes l’argument idéal pour démonter une œuvre, dans la mesure où l’on peut aisément démontrer que tout ce qui nous est proposé l’a déjà été, souvent en mieux, et qu’il n’y a rien de nouveau sous le soleil. Mais en réalité, c’est aussi la garantie d’une formule qui fonctionne, et la pérennité de motifs qu’on prend plaisir à retrouver. Comme le steak saignant dans un burger, en somme : c’est ce qu’on a commandé, ce dont on se souvient, et ce qu’on attend.
Nobody est de ce fait un film random sur une machine à tuer d’une efficacité redoutable que des inconscients ont eu le tort de réveiller, alors qu’il était planqué en terne père de famille : un mix, en somme, entre les Indestructibles, True Lies, Jack Reacher et John Wick. Piloté par le russe Ilya Naishuller, réalisateur d’Hardcore Henry, il ne faut évidemment pas s’attendre à de la dentelle.
L’écriture, assez paresseuse, n’est que le prétexte à un portrait de badass fondé sur l’attente : une exposition qui en fait un loser perdu dans sa grise routine, et qui diffère à loisir le moment de l’explosion. La première scène dans le bus ne dit pas autre chose : la voix off s’adresse clairement au spectateur dont il s’agit d’exciter encore l’attente, le protagoniste se réjouissant de la réunion parfaite et improbable des circonstances (une fille isolée, une bande de voyous surgis ne nulle part) pour pouvoir enfin se lâcher, sortant des punchlines du type « j*’espère qu’ils aiment la nourriture d’hôpital* ».
La suite est en pilotage automatique : super méchant, expédition punitive, et broderie de motifs pour les massacres en règle, dans une tuerie domestique avec des morceaux de lasagnes, ou la joyeuse préparation du climax final dans une entreprise reconvertie en parc d’attraction létal.
Quand Christopher Llloyd s’ajoute à la partie, s’ébrouant de son Ehpad pour enfin ressortir les carabines, la ligne éditoriale est clairement définie, et on n’en regretterait presque que la joyeuse équipée ravie de pouvoir lester de plomb les légions entières de russes ne se prenne pas davantage au sérieux. Parce qu’à force de faire des clins d’œil au spectateur, il pourrait finir par se sentir un peu honteux dans ses demandes bourrines. Car, il doit bien le reconnaitre, il peut faire sienne la réplique du Lloyd qui déclame, le canon encore fumant face aux macchabées qui ont repeint les murs : « How I missed this shit ! »
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Créée
le 2 juin 2021
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