Nuit américaine

On va la faire courte...

Ni un thriller lambda, ni un objet cinématographique complètement baroque, Nocturnal animals se révèle être un cas d'école tout à fait singulier car en demi-teinte.
Dès le début du film, le spectateur est rapidement étouffé par un éclairage magnifiant l'obscurité le forçant à pénétrer dans la psyché mélancolique de l’héroïne. Les journées sont désaturées à l'image et un léger bleu – moins réconfortant que glaçant – vient appuyer le malaise en nous enfermant dans une vision de nuit éternelle faisant écho aux insomnies du personnage.

Rien ne permet de respirer dans ces cadres montrant le tragique.
Pas de rires, pas de joie, seul un vague à l'âme infini viens dominer chaque recoins de l'écran.
Pas même ce livre intrigant – tombant entre les mains de la belle Amy Adams – ne nous sauvera des ténèbres oniriques alimentées par une histoire d'amour brisée d'avance par des codes sociaux arbitraires car déterminant le triste squelette de notre société.
L'histoire dans l'histoire nous faisant passer d'un cauchemar à un autre, d'une détresse à une autre, d'une nuit à une autre.

Je n'ai pas le souvenir d'avoir déjà vu et ressenti une telle tristesse et une telle souffrance dans un film traitant des regrets et du ressentiment.
Cette œuvre de Tom Ford est un objet singulier tout à fait éprouvant qui laissera probablement une trace en moi, moins pour ce qu'il raconte que pour la rage qui l'accompagne et la puissance qui le porte.
En un mot : Magistral.