Mouarf, un film vraiment pas terrible terrible. Et je ne dis pas ça parce qu’il est issu d’une œuvre biblique et que je suis athée. Au contraire, c’est même le seul point fort de l’histoire ! Une histoire qu’il faut prendre avant tout comme un conte mythologique, comme peut l’être un film tel Le Choc des Titans, sur un fond très écolo.
Adaptation très libre de l’œuvre originale (enfin, de ce que je connais), on n’en retrouve pas moins les ingrédients du blockbuster américains avec les gentils et les méchants identifiés dès les trente premières secondes du film. Il est aussi très intéressant de remarquer comment a été adapté ce passage de la Bible : ce n’est pas une lecture stricte des écrits mais très métaphorique, n’hésitant pas à taper sur les créationnistes. Car oui, il est intéressant de noter que dans ce film, Noé porte un discours religieux, certes, mais métaphorique et qui « s’intègre » avec les connaissances scientifiques (cf le récit de la création, même s’il y a plusieurs erreurs et que c’est un brin finaliste) ; alors que le grand méchant porte un discours faisant incroyablement écho aux pensées créationnistes.
En ça, le film s’en sort donc admirablement bien, nous poussant à porter un nouveau regard (du moins, pour ceux qui ne l’ont pas encore fait) sur la Bible et son contenu. Et vu comme ça, j’ai envie de dire ça passe plutôt bien. C’est vrai, quelle différence entre un film où un homme se dit être fils d’un Dieu et s’en va fracasser de la Méduse et du Kraken, et un homme qui dit avoir eu les visions apocalyptique d’un Dieu et qui demande de l’aide à des anges déchus pour construire une arche ? Un récit mythologique comme un autre. Cependant, ça s’arrête là. Car n’oublions pas que nous avons à faire à un film de Darren Aronofski. Et on tombe de haut. L’histoire est quand même très simple, trop simple même, sans réel enjeu ni même la moindre tension.
Des scènes d’actions perdues au milieu de longueurs interminables (ce film mérite l’Oscar des meilleurs remplissages), pour un film de 2h20 qui pouvait tenir largement en 1h30, générique inclus. Les scènes clés sont rapidement traitées et hors mis 2-3 scènes, le reste n’est que remplissage et ennui, quand ce n’est pas purement risible (le ridicule ne tue pas, mais il amoche quand même pas mal parfois). Et je ne parle même pas du passage Je-m’appelle-Noé-et-je-suis-un-psychopathe qui reste crédible pas plus de trente secondes. Y’a aussi certaines scènes un peu WTF, on comprend pas trop ce qu’elles viennent faire là et n’apporte pas grand-chose à l’histoire (plusieurs personnages se trouvent également dans ce cas). Les dialogues sont dans la même veine : tantôt risibles, tantôt corrects, tantôt franchement inutiles et tantôt un peu WTF.
Bref, une histoire franchement décevante de la part d’Aronofski.
Niveau casting, là-aussi ça vole pas haut : Crowe fait le minimum nécessaire sans réellement interpréter son personnage (allez, son regard de psychopathe dure plus longtemps que la crédibilité du personnage) ; Connelly est on ne peut plus discrète, presque si c’est pas un personnage tierce, avec peut-être 1 ou 2 scènes pleines d’émotions pour remplir le quota du film et sa réputation ; Watson n’a jamais était aussi fade (encore plus que dans l’Ordre du Phénix, un exploit) ; Hopkins fait encore moins que le minimum syndicale. Quant au reste, c’est vraiment très très moyen (notamment Lerman qui grille son personnage dès la première apparition, c’est juste tellement évident).
Techniquement, le film se défend mais sans exceller. Musique épique de circonstance mais pas franchement marquante et souvent un peu trop cacophonique. Décors spectaculaire de l’arche, tout comme les décors bibliques (même si j’ai encore du mal avec un ciel étoilé même en plein jour). La mise en scènes d’Aronofski suit le cahier des charges du blockbuster, si bien qu’on a même du mal à retrouver la patte du réalisateur, sauf pour quelques scènes (dont le récit de la création…étrange qu’on revienne dessus, non ?).
Quant aux effets spéciaux…boah, ça reste correcte dans l’ensemble mais pas franchement extraordinaires. Notons cependant l’aspect général donné aux images de synthèse et à la photo, accentuant l’aspect métaphorique d’un récit biblique. On a parfois vraiment l’impression de revoir les planches de nos cours de catéchisme. Conseil perso : film vu en 2D, mais vu certains plans, je le déconseille vivement en 3D sous peine de se prendre une sale migraine.
Bref, globalement Noé se révèle être un film vraiment pas terrible, mais pas pour les raisons auxquelles je m’attendais. Au contraire, ce que je pensais être ce qui allait pourrir l’effet du film est ce qui est de mieux réussit et tire l’ensemble vers le haut. C’est le reste qui le tire vers le bas, et ce qui accentue d’autant plus la déception.