"Il est impossible de tout réparer." Noé
L'adaptation de l'épisode biblique du Déluge était taillée pour Aronofsky dont la mise en scène virtuose et les différents de niveaux de lecture d'une oeuvre ne sont plus à démontrer. Il est vrai que le réalisateur a été aussi épaulé par un nombre effarant d'opérateurs en effets spéciaux numériques,ce qui fait de son Noé un film visuellement incroyable, et qui plus est génial, car la batterie d'images de synthèse se mettent au service de l'histoire consistante plutôt que de meubler un faible scénario non habité.
L'intérêt de cette adaptation, c'est que Darren Aronofsky explique trés bien la position de Noé, personnage charismatique et tourmenté (qu'un autre acteur pas aussi magnétique et puissant que Russell Crowe n'aurait pu incarner).En effet, cet homme auquel Dieu ordonne de sauver les animaux dans une arche appropriée (aspect iconique du Déluge qui a souvent éludé les autres intérêts du texte), va surtout mettre à mal sa famille pour réaliser ce dessein divin et symbolique de ne plus perpétuer le péché originel.Ce n'est donc plus la mission divine qui importe ici mais bel et bien la mise à l'épreuve psychologique d'un homme qui va atteindre ses proches pour obéir au Créateur.Le résultat final, c'est que le réalisateur prend l'arche comme un objet factuel du Déluge pour déboucher sur le destin d'un homme finalement presque seul face à sa mission et ses tourments.
Il est donc necessaire de prévenir que Noé est un film beau mais éprouvant. En se concentrant par exemple sur les rapports contrariés entre Noé et son fils Sham,Aronofsky montre le côté obscur de l'homme vertueux et décidé.Et c'est finalement ce qui rend Noé humain,prompt à l'erreur et donc pardonnable pour ses proches et le spectateur qui le jugent.
Un dernier commentaire sur l'écrin du tournage: l'Islande.On ne pouvait rêver meilleur endroit pour retranscrire la vie des premiers hommes.Avec des prises de vues montrant tour à tour des paysages décharnés,d'autres proprement minérals et presque immaculés (voir scènes de la fin du film),Noé prend une dimension enchanteuse,féérique comme lorsque Peter Jackson avait magnifié la Nouvelle Zélande pour sa trilogie du seigneur des Anneaux.
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