Je ne suis pas une fin connaisseuse du travail de Aronofsky et ne suis pas non plus une grande fan de religion mais je me suis dirigée vers les salles obscures sans a priori et sans préjugés. Eh bien, peut-être aurais-je dû en avoir ? Histoire d'économiser une place de cinéma.
Au commencement, il n'y avait rien ! Voilà un excellent résumé du film. Rien, le néant. Le scénario est plat et vide de sens. Nous nous retrouvons face à un Noé hollywoodisé où les scènes d'action priment et où on ne prend même pas la peine de développer la psychologie des personnages, tant et si bien que ces derniers en deviennent désagréables et peu attachants. Comble du comble, Noé nous est totalement antipathique. Ce blockbuster, avec un budget de près de 150 millions de dollars aurait pu donner, tout de même, l'espoir aux spectateurs d'en recevoir plein la vue. Hélas, les effets spéciaux et animations réservés aux Veilleurs (des anges déchus apparentés à des ogres de pierre et de feu) ainsi qu'aux nombreux animaux nous font regretter les monstres de feu Ray Harryhausen dans "Jason et les argonautes", dont le grand âge n'a pas entamé le pouvoir de séduction
Ajoutez à cela un aspect fantastique à peine exploité qui aurait pu apporter au film un petit plus et réjouir les amateurs du genre, et nous voilà face à un échec cuisant. D'un point de vue esthétique, la photographie laisse également à désirer et il règne dans le film une tonalité de gris qui, dans son extrême froideur, abandonne le spectateur à la porte de celui-ci. De plus, il est malheureux de voir que les plus belles images du long-métrage ne sont pas celles filmées par Aronofsky mais des documents d'archives documentaires, par ailleurs incorporées de manière malhabile à l'ensemble. En prime, le montage épileptique de certaines scènes donne l'impression d'avoir eu affaire au travail d'un néophyte qui découvre les joies du métier et nous déverse un catalogue d'effets en veux-tu, en voilà !
Reste la musique, pas transcendante mais qui mérite presque une mention spéciale tant elle parvient tout de même à sauver la face de ce cher Noé. Vous avez du temps à perdre, vous vous sentez l'envie d'un bon film traitant de la religion et mettant en scène la vie d'un homme «saint» ? Ressortez les classiques et mettez-vous devant "Les dix commandements". Vu la qualité de Noé, je suis même tentée de vous proposer les 11 de notre Michael Youn national). En résumé : pour les plus religieux d'entre vous, fuyez. Quant aux autres, faites de même !
Car avec ce premier blockbuster, Aronofsky aura au moins su redonner au mot "religion" son sens premier : soit "religare", "relier" les hommes les uns aux autres. Face à un tel échec artistique, il est vrai qu'on est tous dans le même bateau.