Premier film de Spike Lee dans un joli noir et blanc.
Le scénario est pour le moins très simple : Nola Darling est entourée par trois hommes (davantage, mais les autres ne sont que des silhouettes) - un étalon musculeux quasi sosie d'Eddy Murphy (voire de Michel Leeb), un petit voyou plutôt drôle et cycliste (Spike Lee en personne), un amoureux fidèle, plus réservé, sans grand intérêt en fait, auquel elle semble accorder sa préférence. Les trois se disputent son exclusivité, mais Nola Darling ne veut pas sacrifier sa liberté.
A aucun moment le récit ne sort de ce cadre (deux incursions sans autre impact d'une copine lesbienne), si bien que l'on finit par s'ennuyer sec même si le film n'est pas très long.
Cela dit, il y a plusieurs réelles trouvailles de mise en scène : une photo très soignée (avec ce début sur lignes entrecroisées enchaînées, quasi abstraites), le recours soudain et très réussi (et rapidement abandonné) à la couleur, l'apostrophe directe et immersive du spectateur par chaque comédien, le générique final, assez original et (faussement) improvisé où chaque acteur vient décliner son identité.
L'ensemble reste assez amateur, Spike Lee fait jouer sa famille et ses potes (aucun des comédiens ne percera vraiment) et bobo (la musique, les références culturelles jetées négligemment, la tonalité d'ensemble). Mais on peut apprécier pourtant le ton du film, libertaire et érotique, sympathique, jeune et une véritable originalité (même affectée) dans la réalisation, peu commune chez un débutant - et qui annonce effectivement un metteur en scène et un auteur en devenir.