Non coupable est une sorte de relecture du mythe d'Icar par le prisme du film policier et c'est en ça qu'il est passionnant.
Michel Simon joue un médecin minable que tout le monde considère comme un ivrogne un peu stupide. Or quand celui ci va tuer un homme par accident, un miracle intellectuel se produit : il réussit à maquiller la scène de crime pour faire croire à un accident solitaire. Ce qui fonctionne très bien puisque personne ne le soupçonne. Problème : il y prend goût et s'en suit alors une série meurtrière sans que jamais aucun indice ne soit laissé par le médecin.
Michel Simon s'amuse d'ailleurs de la situation, blague sur sa culpabilité potentielle, essaye d'indiquer les policiers mais rien n'y fait les crimes sont trop "parfaits".
C'est véritablement une histoire d'orgueil, ce médecin qui n'a jamais eu de reconnaissance en tant que professionnel obtient enfin de l'admiration par la presse et les forces de l'ordre et c'est ce qui le pousse à continuer, jusqu'à aller trop loin
en organisant le meurtre de sa propre femme qui s'apprêtait à le dénoncer. Ironie du sort, elle avait l'arme des crimes sur elle et la police en conclut que c'est elle le meurtrier. Michel Simon ne peut prouver ses meurtres et se retrouve donc face à sa culpabilité qui le poussera à l'irréparable.
Le film marche beaucoup par dynamique de duo, ce que fait beaucoup Decoin, laissant une place majeur aux dialogues, à la rhétorique. La photographie ne passe cependant pas au second plan, avec un noir et blanc magnifique de contraste et des symboles fort.
La montée en puissance du film est vraiment bien menée, on se demande jusqu'où le tueur va aller et le piège final dans lequel il s'est mis tout seul est très surprenant et fonctionne superbement bien.