Lunaire

Je me décide enfin à visionner ce Nonfilm, premier ''long'' métrage de Quentin Dupieux, après avoir vu de nombreux extraits au cours d'interviews diverses.

Comme d'habitude, Dupieux offre un film dont la compréhension reste propre à chacun. La ou certains verront une réflexion critique du monde du cinéma, d'autres y verront un gigantesque canular sans queue ni tête (qui à la bonne idée de durer moins d'une heure, la ou dans un format plus traditionnel, l'ennui aurais dépassé le concept).

La blague est poussée à son paroxysme lorsque, malgré la mort de l'équipe de réal dans des conditions loufoques, le choix est fait de continuer le film sans script (bien qu'on peut se demander si il y en avait un auparavant), allant même jusqu'à évoquer un film aveugle et muet. Difficile de critiquer la technique ou l'écriture lorsque celles ci sont volontairement si improbables. Multipliant les mises en abîmes et malmenant son spectateur, le réalisateur nous laisse dans un questionnement continu: est-ce qu'on voit le film, le making-off, les 2 en même temps, ou bien tout autre chose? On ne sait même pas si les acteurs sont conscients de la présence de la caméra utilisée pour la narration ou non, si le film est l'aboutissement d'un réelle réflexion, ou même si il n'a pas été réalisé seulement au rythme de l'avancée du tournage.

Un petit mot sur le casting lui aussi lunaire, puisqu'on retrouve ici Sebastien Tellier et Kavinsky, renforcant encore un peu plus l'aspect OVNI de l'ensemble.

Difficile d'imaginer ce qui a pu passer dans la tête de ceux qui ont vu ce Nonfilm il y à 20 ans, quand Quentin Dupieux n'avait pas encore garnie sa filmographie de films toujours plus déconnectés et incompréhensibles, mais il apparaît maintenant comme la base de son travail perpétué depuis. Pas forcément drôle, pas bien filmé, pas bien écrit, c'est finalement une promesse tenue: on nous offre ici le contraire de ce qu'on voudrait voir: un Nonfilm.