Mors La tonalité décalée de cette semi-comédie uruguayo-argentine produit un effet étrange, comme si elle n'était pas tout à fait bien étalonnée. Norberto, un homme récemment licencié, dissimule la chose à sa femme et entend s'essayer au métier d'agent immobilier. Premier mensonge dont on ne comprend pas précisément les raisons, premier d'une longue série constituant tout le programme du film, et matrice d'un potentiel comique qui ne sera jamais correctement exploité : le protagoniste n'est pas du tout à l'aise à l'oral, en public, au contact de l'autre, et pourtant il se trouve très artificiellement dans le costume de celui qui doit convaincre des inconnus à se projeter dans divers appartements. Tout aussi étrangement, son patron le confrontera à son défaut d'aisance et l'incitera à s'inscrire à des formations pour l'aider à progresser, et il en profitera pour participer à une troupe de théâtre — point de départ d'une grande découverte personnelle.
Bref, c'est le gros bordel, le protagoniste est prisonnier de ses mensonges qu'il aligne dans une fuite en avant mise en scène de manière bien pataude, et se trouve au cœur d'un transfert très peu passionnant, à mesure que son affirmation de lui s'améliore et que sa situation personnelle se dégrade. Les séquences humoristiques (un humour très pince sans rire) souffrent de répétitions assez dommageables, en répétant inlassablement les mêmes motifs, à l'image du couple de petits vieux qu'il doit cacher à chaque nouvelle visite. Finalement "Norberto Apenas Tarde" s'apparente à une chute libre que seul el personnage principal ne semble pas voir, concentré qu'il est sur son appétit nouveau (un peu ridicule au demeurant) pour l'affirmation de son personnage dans une pièce de théâtre. Mais jamais ce personnage ne parvient à manifester un intérêt transcendant ni même à focaliser un minimum de sympathie. On attend sagement que quelque chose se passe... en vain.