Nord
6.2
Nord

Film de Rune Denstad Langlo (2010)

Une fois enfilé, Nord déboussole. Il désarçonne, même, dans le découpage de son intrigue, qui n'est autre que la quête initiatique de Jomar pour à la fois retrouver son fils, mais aussi retrouver son chemin dans un quotidien morose et terni par les actions répétitives et le confinement à un espace restreint.

Ainsi, contre toute attente, le gros ours ne reste pas tapi et prend la route, sort expressément de sa caverne pour immédiatement être aveuglé par l'aventure et l'annonce d'une nouvelle vie droit devant ses yeux. Aveuglé tel un nouveau-né, qui s'éveille au monde, le personnage campé par un acteur tout trouvé renaît.

Mais cela ne s'arrête bien évidemment pas là, tant le film regorge de références subreptices à l'ethnologie (les rites Indiens) à la culture cinématographique, ou tout bonnement à la Culture, Nord n'est pas avare en comique de situation, puisque tout est matière à codes et significations cachées. Errant d'un (point de) repère à un autre, il laisse toujours derrière lui l'empreinte de sa maladresse et de sa mauvaise étoile, mais surtout d'un phénix qui semble continuellement renaître des cendres semées depuis un bon bout de temps sur son chemin. De ce fait, il est empreint d'une poésie pas niaise, fait assez rare, qui amplifie la beauté des décors enneigés.

Et pour en remettre une couche (de poudreuse), le thème musical Country intégralement instrumental à la Deadwood (HBO), parcoure tout le film en compagnie de l'alcoolo notoire et met en exergue une personnalité de cow-boy solitaire, ce qui renforce par la même l'impression que rien n'a été laissé au hasard, et donc que le travail de réalisation a été finement accompli.

On assiste à un road-movie qui prend son temps. Et pourtant, les situations se succèdent de manière syncopée. Comme s'il fallait démontrer l'alcoolisme de Jomar, le film titube d'une rencontre improbable à une autre. Paradoxalement, la petite heure talonnée par vingt autre petites minutes passe comme un quart d'heure indiscutablement léché mais pas racoleur. N'est-ce pas l'apanage des bons films ? Sans originalité, je répondrai que oui.
Adrast
6
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le 20 avr. 2011

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