Moi qui croyais qu'il n'y avait qu'un seul paquebot mythique au monde, toutes époques confondues, me voilà mieux renseignée : le Normandie, fleuron des chantiers navals français, peut prétendre lui aussi à son film de trois heures avec une fin dramatique. En attendant que Cameron s'y colle, ce documentaire truffé de magnifiques images d'archives répare un peu l'injustice qui lui est faite, en exposant les étapes de la malédiction qui l'a frappé lui aussi. Si l'introduction annonce immédiatement le dénouement, il n'en reste pas moins un certain suspense sur les causes de l'incendie qui coucha le géant dans le port de New York, du temps du maire mégalo La Guardia et du versatile président Roosevelt. Au-delà de l'anecdote historique, j'ai été frappée par la beauté des images d'époque, dans un noir et blanc splendide, cadrées à la perfection, agencées en des plans savants, qui rendent les reportages des JT contemporains parfaitement pathétiques. Ces cameramen et photographes chargés d'un matériel encombrant avaient l’œil, et ça vaut le coup de se pencher sur leurs productions, même quand on se fiche pertinemment des engins polluants et des fanfaronnades nationalistes.