Tradition oblige, chaque époque nous livre, à intervalles plus ou moins réguliers, sa reconstitution mythique et fantasmée de l'époque précédente. C'est de bonne guerre, et ça peut même être réussi pourvu qu'on y mette un peu de panache.
Diabolo Menthe (1977) nous racontait le début des années 60, Le Péril Jeune (1995) dressait un tableau de l'adolescence des années 70... Il fallait s'attendre, quinze ans plus tard, à trouver reconstituées ces magnifiques années 80 que les djeuns d'aujourd'hui nous envient tellement qu'ils en deviennent tantôt touchants ou ridicule à force d'hommages au terrible DX7 (le synthé iconique de la pop eighties pour les non-initiés)
La cible est toujours la même, puisqu'il s'agit de remuer la mélancoline qui sommeille chez les trentenaires ou quadras que les ados finissent par devenir, irrémédiablement...
Je me suis d'abord laissé bercer par cet inévitable parfum de nostalgie qui accompagne la reconstitution pourtant bien timide d'une époque qui fut la mienne.
L'action se déroule au moment du bac en 1990 ; j'ai passé mon bac en 91, j'étais donc la cible parfaite pour ce film-à-grosses-ficelles.
Passés les premières minutes et leur collection de références, j'ai vite compris que l'épaisseur ne serait malheureusement pas au rendez-vous.
Ça n'est pas faute d'avoir eu envie de revivre ce mois de Juin si particulier à tous les aspirants bacheliers...
Alors oui... la B.O joue son rôle de méga-compile en enchaînant les tubes, les mobylettes et motos 50cc sont bien là, les jeans sont bouffants et serrés aux chevilles, on aperçoit même les manettes d'une Nintendo... Rien de vraiment plus.
Une galerie de portraits bien fades, un prof de philo méchant-mais-gentil péniblement incarné par Michel Blanc...
Pour le reste, je n'ose employer le mot intrigue, et j'hésite même à déranger le mot scénario.
Une sorte de Boum 3 - sans doute la mise en abyme d'une époque déjà personnifiée par le succès des deux premiers volets, allez savoir ? À ce propos, l'utilisation de la grand-mère nympho semi-foldingue tient presque du comique involontaire tant le procédé a servi dans les deux films pré-cités.
Là où Diabolo Menthe brillait par l'intimité, la pudeur et la force d'une tranche de vie parfaitement mise en scène, là où le Péril Jeune forçait déjà laborieusement le trait pour bien remuer le couteau de la jeunesse dans la plaie de l'âge, Nos 18 ans ne fait ni l'un ni l'autre.
C'est l'histoire d'une bande d'ados (pré-bobos) bordelais à qui il n'arrive strictement rien, en dehors d'une amourette bien terne en comparaison de ce que sont, en réalité comme dans les souvenirs, les premières amours quand on les vit.
Et puis c'est tout.
Ah si, j'oubliais l'aspect spectaculaire d'une scène en bord de plage et l'extraordinaire charisme de trois figurants qui crèvent littéralement l'écran : les bouteilles de Cacolac.
Heureusement que ces années sont encore bien vivantes dans notre mémoire, car il y a fort à parier que pour ce qui est du film, on l'oubliera.