Je n’attendais pas grand’ chose de ce film, à vrai dire, à part de le détester. Nan mais sans rire, deux ados cancéreux qui tombent amoureux, ça sent le tire larme à plein nez, non ? Eh bien, laissez-moi vous dire que j’avais raison : à la fin de la séance, toutes les fleurs bleues de la salle reniflaient bruyamment et même quelques mecs bien virils tentaient de sauver les fragments éparts de leur fierté de macho. En gros, n’oubliez pas votre paquet de mouchoirs si vous allez voir ce film.
Cependant, autant le dire, le film ne m’a pas particulièrement séduit et c’est bien parce qu’il m’a semblé tiède que je lui attribue la moyenne. Oui, pour votre information, mon cœur ne me sert qu’à pomper du sang.
Alors ne me faites pas dire ce que je n’ai pas dit, ce n’est pas une daube infâme : c’est un film même plutôt touchant à plusieurs moments, mais il y a des moments tellement guimauve que ça en devient ridicule. À ce propos, mention spéciale pour la scène du resto à Amsterdam, je ne pensais pas qu’il était possible de faire aussi mièvre, tout suinte l’eau de rose : la déco du restaurant avec des diodes de partout pour figurer un ciel étoilé, le serveur qui pourrait être le sosie officiel de Jean-François Copé, le baratin de ce dernier sur le champagne –qu’il sert, au passage, à des mineurs, alors je sais que c’est les Pays-Bas, qu’ils sont cancéreux, tout ça, mais il faut pas charrier non plus- mais genre, le nectar d’étoiles, quoi…
Et encore, ce n’est qu’une mise en bouche, des détails comme celui-ci il y en a plein : la musique bien mièvre par moment, Hazel et Gus qui passent leur temps à se dire « OK » l’un à l’autre.
Enfin, il y a, comme je l’ai annoncé précédemment, des moments justes et matures qui émergent de cet océan de guimauve : quand Hazel se fout de la troncher des rom-coms à la con se terminant sur une chanson de Peter Gabriel, le groupe de soutient sauce « Jésus est dans nos cœurs » animé par un raté en rémission d’un cancer des testicules, l’éloge funèbre d’Hazel pour Gus.
Mais le meilleur moment, c’est celui où Peter Van Houten, incarné par Willem Dafoe –putain, c’est génial !- fait éclater la jolie petite bulle de sentimentalisme dans laquelle vivent nos tourtereaux. Leur dire tout de go qu’ils ne sont que des petits merdeux capricieux qui pensent que tout leur est dû parce qu’ils ont (ou ont eu) chacun un cancer, qu’ils ne doivent pas attendre de lui qu’il les prenne en pitié, c’était vraiment couillu. Et puis, merde, il parle de Georg Cantor, donc ça flatte le matheux en moi.
En bref, si vous êtes matheux, allez voir « Nos étoiles contraires », juste pour apprendre un truc sur Cantor et voir l’inclusion d’un ensemble dans un autre.