Ce récit « adapté de faits réels » relatant la captivité de deux otages au Pakistan démarre comme une banale docufiction. Mais finalement, c’est un film suisse qui déçoit en bien.
On avait peut-être oublié qu’il y a une dizaine d’années, un couple de trentenaires bernois s’était fait prendre en otage à la frontière afghano-pakistanaise. Nos Otages revient sur le kidnapping de ces deux touristes et nous immerge dans les conditions de leur détention qui dura plus de 8 mois, ainsi que sur les démarches de la diplomatie helvétique.
Ça n’est pas la première fois que le réalisateur zurichois Michael Steiner se frotte à l’histoire contemporaine Suisse. En 2006, il avait déjà réalisé Grounding qui relatait la débâcle de Swissair avec un style quelque part entre le sensationnalisme d’un reportage d’Enquête exclusive et la frénésie de la série 24 heures chrono. C’est avec une réalisation un peu moins criarde, évoquant cette fois-ci plutôt une docufiction de la télévision suisse alémanique, qu’il nous raconte ce road trip qui vire au drame. La première partie du film est laborieuse et confine à l’ennui. Outre la mise en scène très télévisuelle, les deux personnages principaux ne sont guère avenants, tout comme les enjeux manichéens du récit réduisant les ravisseurs à des méchants Talibans narco-trafiquants et les fonctionnaires du Département Fédéral des Affaires Etrangères à des personnages tout droit sortis d’un sketch de l'émission satirique suisse 52 minutes. Et soudain, vers la moitié du film, les perspectives se brouillent et le propos devient plus nuancé, voire carrément engagé. Il y est question de la complexité de la géopolitique dans cette région, de l’hypocrisie de la neutralité suisse, de la maladresse des médias et de la violence que les grandes puissances font endurer à ces populations isolées. Enfin, sa conclusion est presque renversante, lorsque les ex-otages se retrouvent face à une presse qui les questionne quant à la sincérité de leur récit et les place dans un rôle de coupables. Finalement Nos Otages devient plus qu’une banale reconstitution d’un fait divers.