Sujet anglais émigré à Cuba, Jim Wormold y exerce la modeste profession de vendeur d'aspirateurs, qui lui permet à peine de subvenir à ses besoins et ceux, grandissants, de sa fille adolescente Milly. Son principal passe-temps consiste à s'enfiler des daïquiris avec son ami allemand le Dr Hasselbacher, jusqu'au jour où il est abordé, dans son propre magasin, par un agent secret britannique. Ce dernier lui propose de « servir son pays » en faisant remonter des infos sur la situation de l'île, alors au bord de la révolution. Attiré par les 150 $ mensuels, Wormold accepte. Quelques temps après, l'Intelligence Service s'impatientant de ne recevoir aucune nouvelle, Wormold fait croire à ses employeurs qu'il a enfin constitué un réseau d'agents, et découvert l'existence de constructions militaires futuristes dans les montagnes cubaines. Quand Londres reçoit les croquis - réalisés à partir de pièces détachées d'aspirateurs ! - c'est le branle-bas de combat...


En 1959, Carol Reed adapte pour la troisième fois un écrit de son compatriote romancier Graham Greene, une dizaine d'années après l'inoubliable Troisième Homme (1949) et le moins connu Première Désillusion (1948). Le film est bel et bien tourné à Cuba, où Batista vient d'être reversé par Castro, et le scénario est donc soumis à l'approbation du nouveau régime, qui demande à ce que l'action soit située avant la révolution pour éviter toute critique. On a droit néanmoins à une vision de carte postale de la capitale : son élégance architecturale, sa chaleur étouffante, ses nuits festives.


Le résultat est remarquable : le talent du cinéaste pour la mise en scène, la lumineuse photographie en noir et blanc et l'excellence du casting principal - Alec Guinness, Burl Ives et Maureen O'Hara - subliment un scénario déjà très bon au départ. Oscillant entre véritable film d'espionnage dur, oppressant, violent, et authentique comédie britannique légère, décalée et un brin absurde, Notre agent à la Havane est tout aussi réussi dans l'un et l'autre registre.

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le 10 juil. 2019

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The Maz

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