Notre jour viendra par K1000
A l'avant-première du film à l'ugc des Halles, Romain Gavras qualifie son film, non sans un certain sourire, de "comédie romantique moderne".
Plus connu pour avoir réalisé le clip polémique de Justice et membre de Kourtrajmé, Romain Gavras a en tout cas réussi son passage à la réalisation de long-métrage. La provocation et la violence, deux ressorts qui lui sont chers, sont inhérents au film, portées magistralement par un duo d'acteurs intense. Mais, loin d'être apologétiques (puisque Patrick/Vincent Cassel doute parfois de la violence absurde de son compagnon de route), ces deux ressorts utilisés sont là afin de démontrer l'absurdité d'un monde qui va mal, qui va de pair avec la quête d'une identité perdue ou jamais rencontrée. La tension va crescendo, rythmée par une musique tantôt sourde, tantôt haletante. Bien que le début du film oscille entre comique et brutalité, la fin en est absolument saisissante. Aussi, si l'on devait retenir une séquence, serait-ce peut-être celle dans laquelle apparaît Vincent Cassel, entièrement rasé. Il n'y avait que lui pour interpréter la perversité sadique en même temps que le désespoir, comme le montrent les vers qu'il récite sur un parking. Après Mesrine, l'acteur paraît donc encore plus puissant. Le premier film de Romain Gavras, décalé et dérangeant, appelle à un renouvellement du cinéma français, contenu en germe dans Mesrine et Un prophète notamment. Notre jour viendra appartient à ces films qu'on réalise avec ses tripes et non les théories.