Notre pain quotidien par FrankyFockers
très bon film. totalement édifiant. esthetiquement proche du travail de gofrey reggio accompagné d'une attirance très kubrickienne pour la symétrie axiale. mise en scène, montage, parfaits. Comme un couperet. pas d'échapatoire. prends ça ta gueule. bien en face. et pense à ce que tu es. à ce que tu bouffes. à comment tu vis. en même temps le discours n'est jamais moralisteur, grand merci. les choses sont justes montrées. ces choses, en l'occurence, sont les chaines industrielles alimentaires. 3 phases. qui se mêlent continuellement. les fruits et légumes. leur exploitation agricole industrielle sous serre ou en plein air. de la plante à la récolte. la viande. enfin, les animaux d'abord, puis la viande ensuite. et c'est justement le passage de l'un à l'autre qui est intenable. insoutenable. de comment d'un être vivant, méthodiquement, on fait un produit de consommation. de la viande. les hommes. les femmes. qui travaillent à la chaine dans ces usines déshumanisées. 8 heures par jour, tous les jours, pendant des années, pendant leur vie entière, ces gens eviscèrent des porcs, coupent des cous de poulet, éléctrocutent des boeufs. certains d'entre eux sont filmés pendant leur pose, en plans fixes et sans paroles, comme le reste du film, en train de prendre un café, d'avaler un sandwich, de fumer une clope. de temps en temps leur regard crois furtivement la caméra. en un quart de seconde, toute la tristesse du monde se lit dans ces yeux-là. dans des yeux où il n'y a plus rien à lire à part la tristesse et le renoncement. enfin, et tant pis si je me risque là-dedans, en voyant ce film, on arrive à comprendre comment la Shoah peut être possible. Evidemment ici on ne tue "que" des animaux, évidemment c'est à but "alimentaire", mais ce qui est donné à voir c'est l'industrialisation de la mort. C'est aussi la déshumanisation totale des gens qui donnent la mort, car c'est devenu leur métier et qu'aucun échappatoire n'est possible.