Dans "La Valse aux adieux", Kundera aborde cette idée similaire d'un médecin qui insémine beaucoup de femmes sans qu'elle le sache. Le sujet est assez bien traité, de même que les intentions du médecin font vraiment froid dans le dos. Ici ? C'est très mal développé.
Le point de vue adopté, celui des filles, est assez mal venu. Surtout pour la victimisation. Cela va paraître dur, je ne peux sans doute pas comprendre vu que je n'ai pas été adopté non plus, mais il me semble que découvrir qu'on a été fait avec un sperme étranger et non celui du paternel, ça ne mérite pas une remise en question aussi radicale et déprimante que les protagonistes le suggèrent ici. Ne plus se sentir soi-même ou ne plus savoir qui l'on est parce que maman a été fécondée par un autre homme que celui qui nous a élevée ; je rationnalise peut-être trop mais si ça avait été un autre père, l'enfant qui se plaint ne serait tout simplement pas né. De plus, ça n'enlève rien aux qualités du père qui a élevé l'enfant, qui lui a transmis plein de choses. Au final, ça ressemble plus à des enfants pourris gâtés qui s'en plaignent pour dire d'exister. Mais peut-être suis-je une ordure de penser ça ?
Le point de vue qu'il me paraissait plus sain et légitime d'adopter pour tomber dans la dramatisation, c'est celui de la mère évidemment. Bon, quand on choisit un donneur anonyme et qu'on flanque celui d'un autre, ça me paraît moins grave, c'est comme quand on demande à un ami de vous ramener des petits pois d'un marque au hasard inconnue et qu'il revient avec une autre que vous ne connaissez pas : ça peut être bon ou mauvais (bon, ici, le fait que le médecin n'ait pas un métabolisme super bon et que ses maladies soient transmissibles, ça revient à un paquet de petits pois marque 0 du delhaize). N'empêche que c'est quand même un abus sur une femme : un homme se permet de déposséder une femme de son corps, d'y insérer le sperme qu'il veut (le sien en plus). Le pire reste la femme qui souhaitait se faire inséminer avec le sperme de son mari, là l'ami a choisi une marque au hasard alors que vous lui aviez demandé la marque que vous préférez. Dans tous les cas il s'agit d'une agression, mais je pense que mentalement ça doit être plus dur quand on avait choisi une personne que l'on connaît. Ce doit être dur aussi pour le mari, mais bon à nouveau, c'est vraiment pour la mère que ce doit être le plus dur.
Ce qui est désolant, c'est que les auteurs mettent autant l'accent sur l'émotionnel, plutôt que d'expliquer sobrement, avec neutralité, les faits, leurs causes, leurs conséquences. Avec en plus des intervenants qui n'ont pas l'air d'être des flèches, qu'on doit écouter comme des scientifiques alors que par moment ils partagent leurs conclusions basées sur des observations empiriques. Et le fameux médecin, il est simplement diabolisé, avec pour excuse que l'on ne sait pas exactement ce qui se passe dans sa tête... j'ai envie de dire : c'est ça de l'investigation, faut creuser, s'il ne dit rien, faut chercher des info ailleurs. Au final, ce film de 1h30 n'est pas beaucoup plus fourni que cet article d'une page sur le même thème : https://sante.lefigaro.fr/actualite/2012/04/10/17949-britannique-serait-pere-biologique-600-enfants (parce qu'on veut nous faire croire avec ce film, que c'est du jamais vu e tun record alors qu'il semblerait y avoir pire) ; l'article n'est pas très rempli mais au moins c'est assumé comme tel, on ne tourne pas en rond pendant des dizaines de pages.
La mise en scène est peu inspirée : des interviews sur des décors neutres, qui indiquent vaguement quelque chose sur les interviewés, mais qui sont assez basiques. La reconstitution est pauvre, elle perd de son intérêt. Les actuers ne sont pas terribles. Les vrais intervenants en font des caisses (on a évidemment droit à des larmes). C'est assez chiant à regarder.
Bref, ce docu est fainéant au possible, mal foutu, je le trouve même grossier dans ses intentions (mais bon, n'ayant pas été adopté ni étant un enfant issu d'une insémination foireuse comme ça, peut-être que je ne me rends pas compte de ce que c'est...).