Le film d'animation, dans l'esprit des plus étriqués, ce n'est que pour les enfants, histoire de les distraire, de vendre du produit dérivé, ou de les abêtir, surtout quand l'oeuvre se mêle de porter la bannière étoilée.
Difficile donc d'échapper au classement du destiné au jeune public, d'autant plus que dès que le réalisateur essaie de mettre en scène un propos un peu plus adulte, les mêmes esprits étriqués s'empressent de trancher et de hurler que le film rate son coeur de cible.
Nous Les Chiens n'échappera donc pas à ce tropisme encore trop répandu.
Oui, il y a des chiens trop choupi, un peu se sentimentalisme et deux scènes d'un humour assez maladroit qui font assez tâche dans un ensemble de haute tenue.
Oui, il y a de la 3D cell shadée pour apparaître moderne, aussi, même si le procédé est quasi unanimement décrié. Mais dans des décors en 2D fuyant le détail trop poussé pour proposer des arrières plans en forme de légère abstraction. Le tout faisant preuve d'une pensée assez atypique.
Mais Nous Les Chiens est aussi agité de sujets forts allant au delà de l'argument du départ : celui de l'abandon tout simplement dégueulasse d'un être vivant que l'on a choisi dans une animalerie parce que whoua ! Il est trop mignon !... Sans pour autant en envisager toutes les conséquences et contraintes. Et voir ainsi, assez rapidement dans le film, que l'on se débarrasse sans remord d'un petit chien paralysé et malade à de quoi révulser de certains comportements et faire réfléchir les plus petits.
Et s'il s'agit, pour la meute de héros, de réapprendre à vivre sans le repère exclusif du maître, Nous Les Chiens vagabonde sur d'autres terrains plus larges, sans pour autant s'aliéner l'attention du jeune public, constamment mis en capacité de comprendre des thèmes parfois assez violents. Comme la réduction à peau de chagrin des espaces naturels, de la difficile cohabitation entre l'homme et son environnement, l'influence néfaste de l'expansion économique des villes et sa relégation des indésirables en marge. Ou encore le business se cachant derrière un adorable petit chiot.
L'incroyable voyage entamé ne cesse donc de se montrer tour à tour léger, grave, solaire, mélancolique, violent. L'équilibre est quasi constant, malgré une ou deux maladresses propres aux premiers films. Mais Nous Les Chiens se montre très attachant et touchant, jusque dans une dernière ligne droite virant au burlesque antimilitariste, achevant de montrer, à quelques rares exceptions près, toute la bêtise et l'abjection dont est capable le genre humain.
Transcendant dès lors le portrait bien simpliste que l'on a pu vous dresser du film, transformant le no man's land du début de l'aventure en nouvel espace de liberté...
Behind_the_Mask, qui aboie mais ne mord pas.