Eondeodog s’affranchit enfin de ses références nombreuses lors d’une séquence de traque dans un champ de roseaux sauvages situé en marge d’une autoroute : là s’affirme une certaine vision de l’errance et de la marginalité endurées par nos chiens abandonnés, contraints de rivaliser d’ingéniosité pour se tirer d’embarras. D’autant plus que les paysages s’avèrent magnifiques, à l’animation très inspirée. Car il faut bien reconnaître que la première partie souffre d’une impression de déjà-vu dommageable qui nuit à la caractérisation des animaux et installe un antagoniste unilatéral qui ne dit rien de l’humanité, sinon avec moult manichéisme.
Est toutefois appréciable la parabole politique qui invite le spectateur à s’affranchir des limites imposées par la société pour vivre sa vie en toute liberté : vaincre les soldats, transgresser la frontière, libérer les chiens maintenus en captivité pour les forcer à se reproduire à la chaîne, tout cela dénonce une industrialisation du monde contemporain qui condamne ses sujets à la solitude et au désarroi. Un paquet de croquettes n’excuse pas l’abandon. Le film recompose ainsi, en clausule, une famille de substitution faite de solitudes apprivoisées qui ont appris que l’entraide, la fidélité et l’amitié sont des valeurs essentielles. Une petite production pédagogique et dotée de séquences assez sombres, à laquelle il manque néanmoins une identité esthétique et scénaristique véritable.