Roy Andersson appartient à cette ascendance cinématographique atypique scandinave qui excelle dans l'art de dépeindre la condition humaine dans toute sa noirceur, sans pour autant laisser le pessimisme l'emporter. Scénariste-réalisateur de quatre long-métrages en quatre décennies, le cinéaste prend son temps, celui nécessaire à l'acte créatif, dédaignant les impératifs institués par une économie libérale en branle. Le trublion fait 'son' cinéma !

'Nous, les Vivants ', dans sa forme, occupe une place distincte: l'intrigue est absente, point donc de personnage central. Cet obscur objet de dissertation expose une mosaïque de cinquante sept saynètes filmées la plupart du temps en caméra statique. Trois années furent nécessaires pour réaliser ce projet, non pas tant en raison d'un budget étriqué, mais bien parce que Roy Andersson a réalisé 57 'court-métrages' pour en faire un long, et la préparation de chaque tableau fut méticuleuse ! Les dialogues, la photographie, les acteurs ont bénéficié de soins intensifs particuliers, dans l'unique ambition de transposer l'altérité du monde dans lequel nous évoluons.

Le choc est frontal, la vision du réalisateur vient se fracasser à cette ipséité qui nous caractérise communément, lorsque paradant d'artifices au milieu de nos semblables, nous éludons notre propre condition, celle du destin commun à tous, conjecturée par la conscience individuelle. Au travers de ces personnages lambda, le sentiment d'égotisme est particulièrement mis en exergue, non sans une certaine dose d'humour estampillé scandinave, noir et subversif. Subrepticement, nous sourions sans forfaiture de la condition de l'autre, et nous nous moquons gentiment et inconsciemment de nous-mêmes! Le miroir joue son rôle à pleine mesure [...]
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le 11 févr. 2011

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