Durant la guerre, un jeune délinquant est recruté, puis conditionné, par la Résistance pour abattre l'ennemi, des Allemands, des collaborateurs. Mais comme il n'a appris qu'à tuer, il va continuer après la Libération, et va être emprisonné en attente de la peine capitale. Son avocat va se battre pour plaider les circonstances afin de le sauver.


Nous sommes tous des assassins est ce qu'on peut appeler un film à thèse, à savoir qui plaide contre la peine de mort, ce qui sera en raccord avec la carrière d'André Cayatte, ancien avocat devenu réalisateur prompt à se battre contre les injustices.
Ici, la question est délicate concernant ce type, admirablement joué par Marcel Mouloudji, qui a l'air d'être un automate quand on lui dit de descendre telle personne ; il vit dans des conditions misérables, un bidonville en compagnie d'un petit frère analphabète qui n'a appris lui aussi qu'à voler pour manger, et une soeur qui se prostitue depuis ses douze ans.


Tout est dans ce film, anxiogène au possible, sans musique ou presque, où la mise en scène semble nous claquemurer en compagnie des autres détenus, et de la peur permanente de la mort. On assiste à plusieurs exécutions capitales, dont la mise en scène du cérémonial, pour ainsi dire, fait froid dans le dos, avec les gardiens qui viennent réveiller en trombe le prisonnier en pleine nuit, où il a le droit de prononcer ses dernières volontés, on lui coupe le rebord de sa chemise, et ....


L'oppression est également de mise dans ce film, que j'ai trouvé glacial, où il est difficile de pardonner le personnage joué par Mouloudji, car il a tué plus que de raison, mais où sa détresse, son apitoiement, sa simplicité, en font un personnage touchant, dont les dernières minutes qui laissent à jamais l'histoire en suspens, et impliquant son avocat, sont suffocantes.


Du coup, je ne comprends pas le procès fait à Cayatte par les gens du Cahiers du Cinéma à l'époque, car avec une économie de moyens, on sent une volonté acharnée du réalisateur à faire changer l'opinion sur la peine de mort, ce qui sera le cas près de trente ans plus tard.

Boubakar
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le 5 janv. 2020

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