Quel beau titre tout de même...
J'ai remarqué une chose dans ce film à propos du cinéma de Godard, c'est que tous ses films sont des utopies intellectuelles, tout le monde parle avec intellect, sortant des références littéraires à tout va, que ce soit un ouvrier, un moyen (le film insiste bien là dessus), un cadre, un grand patron... D'ailleurs, c'est un pari risqué car parfois on se demande si les acteurs comprennent vraiment ce qu'ils racontent, et l'hésitation dans leurs timbres de voix est parfois risible... Cela dit, Alain Delon campe à merveille son rôle de paumé (dans la première partie, où il est dominé par la femme)/type charismatique (dans la seconde, où il prend le contrôle sur les événements, mettant dans l'ombre la femme - c'est aussi ça le film, une lutte des sexes pour la domination) dans cette oeuvre assez singulière, révélatrice d'un nouveau tournant radicalement intellectuel dans la filmographie du réalisateur, qui annonce avec grande cohérence Hélas pour Moi, sorti trois années après. Les réflexions philosophiques s’enchainent, on ne peut tout comprendre, la lassitude prend parfois le dessus, mais on se laisse dans l'ensemble transporter par la douce mélodie qui émane de la poésie des paroles, prenant ainsi un repos célébral devant un film certainement trop exigeant au niveau philosophique et intellectuel pour un support aussi rythmé que le 7eme Art (et Godard le sait très bien).