Dernier volet de la trilogie apocalyptique adolescente signée Gregg Araki, Nowhere faisait suite au séminal Totally Fucked Up (1993) et The Doom Generation (1995). Chronique sous acide d'une bande de jeunes à Los Angeles, ce sixième long métrage du réalisateur étasunien ne déroge pas à la règle préétablie par les deux précédents chapitres : Nowhere se joue des conventions, et assume pleinement sa veine foutraque et faussement superficielle héritée des teen drama des 90's.


Figure du New Queer Cinema au cours de la décennie 90 avec The Living End (1992) ou le déjà cité Totally Fucked Up, Gregg Araki conforte avec Nowhere son virage post-gay initié avec The Doom Generation. De ce portait d'adolescent.e.s à la sexualité exacerbée sinon fluide, le long métrage prend la forme d'un film choral où l'unique fil conducteur est en somme de savoir qui couche ou qui veut coucher avec qui. Sous ses airs d'objet pop avec couleurs flashy à faire décoller la rétine et bande son indie 90's (Radiohead, Massive Attack, Hole, Marilyn Manson, Suede, etc.), Nowhere s'avère davantage foutraque et bordélique que véritablement corrosif, en dépit d'une scène de viol suivie du suicide de l'innocente lycéenne tombée amoureuse de son idole. Ajoutons à ce bad trip faussement hédoniste une faune des plus bigarrées (maîtresses domina, drag queens, drogué.e.s, pétasses, un lézard extra-terrestre... et un cafard géant !), ce sixième long métrage de Gregg Araki prend autant les contours d'un brouillon arty que ceux d'une pochade décomplexée.


Grand initiateur de cette satire des séries pour adolescent.e.s, Araki peut compter sur un casting hétéroclite et surprenant, avec la participation de Kathleen Robertson et l'apparition de Shannen Doherty de Beverly Hills 90210, et de bon nombre de jeunes débutant.e.s provenant pour la plupart du petit écran (Christina Applegate, Ryan Phillippe, Heather Graham, Mena Suvari, Denise Richards, etc.), en sus d'une Chiara Mastroianni perdue et d'un Jaason Simmons (Alerte à Malibu) acceptant de plein gré de casser son image policée de beau gosse des plages californiennes en interprétant un prédateur sexuel.


A découvrir pour les plus curieu.x.ses


http://www.therockyhorrorcriticshow.com/2021/01/cronico-ristretto-nowhere-gregg-araki.html

Claire-Magenta
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le 29 janv. 2021

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Claire Magenta

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