Avec forces changements de lieu et ellipses qui resserrent l’action sur le couple Yukiko / Tomioka et, du coup, restreignent le propos du film à leur seule relation amoureuse, Nuages flottants prétend sonder les cœurs et leurs raisons, les souffles secrets qui leur font changer de forme et emprunter d’autres directions, à l’image des nuages (qu’on ne verra d’ailleurs jamais). Le résultat – disons-le courageusement, bien que l’opinion commune s’y oppose fermement – relève d’un mélodrame plus ambition que ce qu’il n’est, perdant de son intérêt car trop redondant, trop exclusif et s’arrêtant au fond à la superficie des choses.

Il faut avouer que les personnages ne contribuent guère à créer de l’attachement : d’un côté Tomioka, l’homme, aux hésitations nombreuses, refusant souvent les promesses d’amour fidèle et idéal de Yukiko bien qu’au fond il éprouve de l’amour pour elle, les acceptant parfois avant de regretter, coureur de jupons assumé, trahissant sans scrupules, homme libre, se nourrissant semble-t-il de l’énergie des femmes avant de les abandonner (3 sont mortes près de lui ou après l’avoir connu et fréquenté) est un petit salaud égoïste, ayant au moins le mérite de l’admettre et de ne pas mentir. De l’autre côté, Yukiko, s’acharne, malgré les multiples déceptions, à vouloir former un couple idéal, et donc éternel, avec celui qui ne veut d’elle que passagèrement. Pathétique, maladivement jalouse et possessive, elle a de ces révélations sentimentales totales qui feraient fuir de peur et de dégoût n’importe quel homme, révélations qu’elles ponctuent invariablement par d’abondants pleurs. Par dépit, solitude ou besoin, elle se met avec un soldat américain ou avec l’homme qui l’a dépucelée en la violant avant de les quitter pour celui avec qui l’amour est voué à l’échec. L’empathie est complètement interdite avec un tel personnage incohérent.

La fameuse pudeur japonaise n’aide pas. Cependant, ce qui n’est pas dit est sensible, si bien que le mal n’est pas là. Le manque d’importance des personnages secondaires, des récits secondaires, l’uniformité du propos et la dimension trop sentimentale du récit : voilà de vraies raisons.


Marlon_B
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le 10 déc. 2022

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