Sagrada familière

Un court métrage extra-ordinaire, éventuelle déflagration plastique du génial Teo Hernandez ; il filme la cathédrale hugolienne avec frénésie, désorientant en permanence nos repères optiques de spectateur tout en y insufflant l'exubérance baroque et picturale d'un certain Gaudi.

22 minutes de pure projection cinématographique, dans un format 16mm en bonne et due forme : Teo Hernandez, au gré d'un montage spasmodique et d'une mélopée proche de la cacophonie, joue sur les notions de filage et de fixité tout en sublimant les gammes chromatiques des vitraux de ladite Nuestra Senora... Maelström hallucinatoire ponctué de visions tapageuses de gargouilles, ogives et autres piliers massifs ce court expérimental - digne des plus grands cauchemars éveillés - écarte toute forme de présence humaine pour mieux susciter le malaise émotionnel de son spectateur. C'est haptique, agressif et artistiquement transgressif. 24 photogrammes d'implosion par seconde : un gouffre braque et prodigieux, geste du Septième Art dessinant sa trajectoire atypique avec fracas et convictions. Somptueux.