D'entrée on reconnaît la marque Reygadas avec cette très belle scène espionnant (avec des lentilles déformantes comme souvent chez le cinéaste) des enfants et ados se baignant dans un étang. Le film dans un premier temps semble s'orienter vers la chronique de la vie dans un ranch mexicain, passant d'un personnage à l'autre, d'une situation à la suivante pourtant au bout d'environ 3/4 d'heure, on se fixe sur les relations entre le couple de propriétaires. Nuestro Tiempo s'avère assez différent des travaux précédents de Reygadas, il délaisse quelque peu l'énigmatique, voir le mystique pour s'attacher à une sorte de réalisme faisant penser à certains Ingmar Bergman (pour les liens sentimentaux entre les personnages) mais c'est justement à ce moment-là que le récit devient moins intéressant lorsqu'il se précise avec beaucoup de monologues quasi épistolaire et extradiégétique, Reygadas n'est jamais meilleur que lorsqu'il garde son mystère. Sinon visuellement on à droit à des sublimes séquences de cinéma, avec des compositions simples et lyriques de plans, des paysages sauvages mais domptés avec toujours des obsessions imagières les enfants dans l'eau, les taureaux et les chiens ainsi que des brefs flash érotiques cependant on a l'impression que Reygadas contemple moins, les scènes s'éternisent mais leurs découpages est plus rythmé qu'à l'accoutumée.